Les récentes faillites bancaires auraient-elles pu être évitées avec plus de femmes dirigeantes ?

Début mars, suite à l’effondrement de la Silicon Valley Bank, les marchés financiers exprimèrent de sérieux doutes sur la solvabilité de certaines banques européennes. Le Credit Suisse fut la première affectée. Cette défiance était l’aboutissement de prises de risque par la banque qui conduisirent à des pertes importantes (plus de 3 milliards de dollars américains avec la défaillance de Greenshill puis de 5 milliards avec celle d’Archegos Capital) mais aussi à une attrition des dépôts qui s’est très nettement accélérée en mars.

Un processus de « bank run » (panique bancaire) s’est mis en place : par crainte d’une défaillance, les déposants retirent leurs avoirs de la banque, conduisant à la faillite de cette dernière dans une logique de prophétie auto-réalisatrice bien identifiée par la théorie financière. Le 19 mars 2023, à l’instigation des autorités helvétiques, pour être sauvé de la faillite, le Credit Suisse fut racheté par UBS.

Cette faillite fit rejaillir les fantômes de la crise de 2008-2009. Elle interrogea également le rôle et l’efficacité des instances de gouvernance des banques, notamment du conseil d’administration (CA). Quelques jours avant que la crise bancaire n’éclate, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), avait ainsi réinsisté sur le rôle important des femmes, en écho à sa citation prononcée quelques années plus tôt : « si Lehman Brothers s’était appelé Lehman Sisters, la banque aurait eu un meilleur contrôle de ses risques financiers ».

En 2019, dans The Conversation, nous avions exploré cette hypothèse.

Les tumultes financiers actuels conduisent à reposer la question : est-ce que la féminisation des conseils d’administration des banques européennes affecte la qualité des risques financiers qu’elles prennent et leur évaluation par les marchés financiers ?

En Europe, la féminisation des CA des…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Michel Ferrary, Professeur de Management à l’Université de Genève, Chercheur-affilié, SKEMA Business School