« Les Dents de la mer », de Steven Spielberg, revient dans les salles de cinéma 50 ans après sa sortie. Spécialiste des requins, Éric Clua évoque la représentation négative des squales dans le film et une nouvelle stratégie pour prévenir leurs morsures.
En tant qu’ichtyologue spécialiste des requins, quel regard portez-vous sur Les Dents de la mer ?
Eric Clua J’ai un rapport très personnel à ce film depuis mon enfance. J’avais 11 ans à sa sortie et, dans la cour de récréation de l’école, j’étais le seul à ne pas l’avoir vu, car mon père me l’avait interdit. Je mesure aujourd’hui l’intelligence de sa décision. Dès mes 4 ans, mon père m’a initié à la plongée en Méditerranée, d’abord en apnée, puis en bouteille, et avait ainsi contribué à ma passion naissante pour la mer. À raison, il s’était dit que si je voyais Les Dents de la mer, le film aurait provoqué chez moi une telle peur des requins – ce qu’on appelle la « squalophobie » – que je n’aurais plus jamais plongé. Et, depuis, je n’ai toujours pas vu le film in extenso ! Mais suffisamment pour l’analyser.
Au demeurant, ce qui fait la force des Dents de la mer, c’est qu’on n’y voit pas le requin. En adaptant le roman de Peter Benchley, le réalisateur états-unien avait dans un premier temps commandé une maquette du requin. Mais celle-ci s’avérait finalement si ridicule et peu maniable…
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