Les retraités au pouvoir selon Bernard Friot ?

Alors qu’est engagé un mouvement social radicalement hostile au projet de contre-réforme des retraites porté par le gouvernement, l’économiste-sociologue Bernard Friot publie un petit livre de débat et de combat Prenons le pouvoir sur nos retraites (La Dispute, 2023). Jean-Marie Harribey en discute les principales thèses dans ce texte.

On connaît l’auteur qui trace, livre après livre et intervention publique après intervention, un sillon iconoclaste à rebours tant des visions dominantes sur la protection sociale et le travail que de celles à l’honneur dans les différentes composantes du mouvement social et des syndicats. Sa proposition phare est celle de salaire à vie fondé sur la qualification personnelle. Elle prend appui sur ce qu’il appelle le « déjà là communiste » instauré après-guerre lors de l’invention de la Sécurité sociale qui, selon lui, pose les germes d’un travail soustrait à l’obligation de valoriser le capital.

Appliquer cette démarche à la question des retraites, tel est l’objectif de Bernard Friot depuis longtemps, et c’est d’ailleurs sur cette question que nous avions commencé avec lui il y a près de trente ans une discussion à la fois théorique et politique qui ne s’est jamais arrêtée[1]. Le cœur de cette discussion porte sur le concept de travail productif de valeur qui ne peut être réduit à la sphère du capital parce qu’il existe un espace de services monétaires non marchands échappant à la logique du capital[2]. Au-delà de ce diagnostic, la discussion est rouverte.

Un livre nouveau

Ce nouveau livre de Bernard Friot est découpé en trois parties. La première est construite autour d’un dialogue imaginaire entre « une femme consciente de certains effets négatifs de la réforme engagée par le président Macron » (p. 19) et l’auteur qui va lui dévoiler les dessous du régime par points que voulait instaurer Macron en 2019. Mais comme le caractère fictif de ce dialogue est flagrant, puisque Bernard Friot pose les questions, qu’il met dans la bouche de sa partenaire imaginaire, et donne les réponses, ce dialogue n’est pas très convaincant. Pour approfondir, l’auteur reprend tous les thèmes esquissés en échangeant avec sa partenaire fictive dans les deux parties suivantes du livre.

La deuxième partie du livre est centrée sur la cause fondamentale des défaites subies par le mouvement social lors de toutes les réformes passées des retraites. Après avoir poursuivi quelques instants le dialogue pré-cité avec la « jeune femme…

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Auteur: redaction