Les retraites en sursis ?

1. Une situation dégradée davantage par le capitalisme que par la démographie

Les derniers documents du Conseil d’orientation des retraites, celui de la Cour des comptes et celui de la Commission Blanchard-Tirole appellent à réformer de nouveau. Malgré un équilibre des comptes des régimes de retraites à la veille de la pandémie et une dégradation en 2020 (18 Md€) moindre qu’annoncée, le COR prévoit une baisse de la part des pensions dans le PIB (13,7 % avant la pandémie, 14,7 % en 2020) de 1 à 2 points de pour cent selon l’évolution de la productivité du travail à l’horizon 2070, alors que la proportion des retraités dans la population augmentera.

La part des pensions dans le PIB varie selon les scénarios de croissance de la productivité du travail. Plus celle-ci est forte, plus la part des pensions est faible puisqu’elles sont désindexées des salaires et de la productivité ; inversement, moins la productivité progresse, plus la part des pensions dans le PIB s’élève. Or, la crise du capitalisme est telle, tant dans ces dimensions sociale qu’écologique, qu’il est probable que les gains de productivité seront à l’avenir très faibles. LE COR dresse des scénarios en baisse par rapport aux tendances retenues précédemment (0,7 %, 1 %, 1,3 %, 1,6 %), mais ce pourrait être moins encore car le taux annuel moyen de croissance de la productivité horaire du travail ne fut que de 0,66 % en France de 2005 à 2019.

Les réformes dites paramétriques (âge de la retraite, durée de cotisation…) ne garantissent plus, aux yeux des dominants, une baisse suffisante de la part des pensions dans le PIB. Environ 330 milliards d’euros par an de pensions, presque la moitié de la protection sociale, c’est le gros morceau qu’il faut rogner de façon à réduire fortement les dépenses publiques et sociales dans leur ensemble, le Graal du capitalisme néolibéral.

Tel était le projet de réforme dite systémique de retraite par points. Un tel système programme une baisse absolue des pensions individuelles parce que le calcul de celles-ci prend en compte l’ensemble de la carrière de chaque individu. L’effet sera désastreux pour toutes les personnes qui auront eu des parcours morcelés entre emploi précaire, temps partiel, interruptions d’activité et chômage. Autrement dit, c’est un système strictement contributif, qui exclut par principe toute solidarité au sein d’une génération. De plus, les inégalités, tant entre les catégories sociales en termes d’espérance de vie, qu’entre…

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Auteur: Jean-Marie Harribey