Les retraites franchissent un cap symbolique… dans la régression

Les pensions brutes des retraité·es ont bien sûr baissé du fait d’une revalorisation qui ne suit plus l’inflation : leur pouvoir d’achat a ainsi diminué de 1 % en 2019. Mais, et c’est inédit, la pension brute moyenne des personnes ayant liquidé leur retraite en 2019 est devenue inférieure à la pension moyenne de l’ensemble des retraité·es (1401 € contre 1430 €) ! On pouvait le voir venir car, sur chacune des trois années précédentes, la pension moyenne des personnes nouvelles retraitées de l’année diminuait année après année. Et en 2019, elle est passée sous le niveau de l’ensemble des retraité·es ! C’est un cap symbolique qui est franchi, significatif : il acte la fin d’une évolution positive qui assurait que chaque génération percevait une meilleure pension que celle de la génération précédente.

Autre évolution notable. On sait que les inégalités entre les femmes et les hommes sont importantes : sur l’ensemble des retraité·es, la pension moyenne de droit direct des femmes est inférieure de 40 % à celle des hommes (28 % si on intègre la réversion). Du fait des meilleures qualifications acquises par les femmes au fil du temps, leur pension augmentait et l’écart avec les hommes se résorbait lentement. Mais les réformes successives ont freiné, si ce n’est quasi-stoppé, cette dynamique : depuis quelques années, au lieu de refléter leurs meilleures carrières, les pensions des femmes qui liquident leur retraite sont juste stables. Au final, sur les 10 dernières années, la baisse de l’écart hommes-femmes est essentiellement due à la diminution des pensions des hommes. C’est l’égalité par le bas…

Cette évolution est le résultat attendu des réformes passées. Envisager un nouvel allongement de la durée de cotisation aboutirait à accroître la baisse du niveau de pension pour les futurs – et, plus encore, les futures – retraité·es. En effet, les conséquences de l’allongement en cours de la durée de cotisation – elle doit atteindre 43 ans pour la génération née en 1973 – sont bien visibles : la part des retraité·es n’ayant pas réussi à se constituer une carrière complète s’accroit au fil des ans et elle n’est pas négligeable. Ainsi, pour la génération née en 1950, ce sont 39 % des hommes et 46 % des femmes qui ont liquidé leur retraite avec une carrière incomplète… entraînant donc une pension amputée.

Dans une situation où le niveau de chômage reste élevé, augmenter la durée de cotisation tout comme reculer l’âge de…

La suite est à lire sur: france.attac.org
Auteur: Christiane Marty