Les sanglantes moissons de l'Holodomor

La guerre totale menée par Poutine, cette violence générale et planifiée contre la population ukrainienne qui s’accompagne d’un discours publiquement exterminateur, rappelle inévitablement la grande famine organisée par l’appareil stalinien en 1933. Bien que le discours et les moyens employés ne soient pas identiques, c’est l’existence même de ce « peuple » qui est de nouveau mise en péril.

Aucune réflexion politique ou philosophique digne de ce nom ne peut s’abstraire d’un retour sur l’Histoire, surtout lorsque tout un « peuple » en a fait les frais jusque dans sa chair durant des décennies.

Depuis que Staline avait lancé en 1929 le « grand tournant » de la collectivisation en Urss, le pouvoir central prélevait une part de plus en plus importante de la production agricole. Une des conséquences en sera la déportation de plus de 2 million de « koulaks de première et deuxième catégorie » entre 1930 et 1931, tandis que 25 millions de personnes fuyaient les campagnes, beaucoup s’embauchant sur les chantiers du premier plan quinquennal pour survivre. En Ukraine, la ponction s’élevait à 30 % en 1930, à 41 % en 1931 et pour 1932, le plan prévoyait un prélèvement de 55 %. Un « grand bond en avant », en quelque sorte… Mais, outre que le pays était vu comme un grenier à blé et le Donbass comme un bassin minier de première importance, il ne faudrait pas oublier qu’il était un point stratégique commandant la route du pétrole Caucasien, ce que les nazis convoitèrent également, huit ans plus tard.

C’est en juillet 1932 que la Némésis stalinienne cristallise
En janvier 1932, Staline envoie Molotov, un des cinq membres de son premier cercle, en Ukraine. Il y « supervisera » la troisième conférence du PC ukrainien au début du mois de juillet avec Kaganovitch (autre favori), auquel Staline écrit dans une longue lettre du 11 août : « l’Ukraine est désormais la…

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Auteur: dev