Les secrets bien gardés d’un symbole de l’industrie française : Michelin, un « vaste édifice paternaliste »

Tout commence en 1832. Deux cousins parisiens, Aristide Barbier et Édouard Daubrée, la trentaine, s’associent pour l’achat de terrains à Orcines, au nord-est de Clermont-Ferrand. Leur projet est d’y créer une fabrique de matériel dédié à l’industrie betteravière. Depuis le blocus continental de 1806 contre l’empire napoléonien, la betterave concurrence avec une fortune variable les planteurs de canne pour la production de sucre. Édouard s’affirme comme le technicien de l’équipe. Le caoutchouc l’intéresse, qu’il préfère au cuir pour les tuyaux de pompe agricole.

Aristide intervient sur l’aspect commercial, et il perçoit très vite lui aussi le potentiel de ce nouveau matériau. On pourrait en faire, par exemple, des « garnitures de roue » pour des voitures à chevaux. Mais la plus inventive demeure sa belle-sœur, Élisabeth Pugh-Barker, par ailleurs la nièce du chimiste écossais Charles Macintosh. Ce dernier a créé en 1823 une matière imperméable en dissolvant du caoutchouc dans du naphta porté à ébullition. Élisabeth imagine quantité d’applications possibles pour ce procédé. Grâce à elle, la fabrique s’ouvre un marché dans le secteur nouveau de la balle en caoutchouc.

Le caoutchouc, cœur de métier de Michelin & Cie

Au début des années 1850, les premiers ateliers apparaissent à Clermont, sur le site des Carmes. Peu à peu, le caoutchouc devient leur cœur de métier. Dans une publicité parisienne sous le second Empire, l’entreprise clermontoise se présente ainsi : « Construction de machines et Fonderie de Fer et de Cuivre. Caoutchouc manufacturé. » Elle compte alors plusieurs centaines de salariés, mais décline avec la mort des fondateurs en 1863 et 1864.

La fille d’Aristide et Élisabeth, Adèle Barbier, a épousé Jules Michelin, un receveur des douanes parisien devenu peintre, dessinateur et graveur. Il meurt prématurément, du choléra sans doute, en 1870 à Limoges, laissant…

Auteur: Olivier Favier
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