Les sept perfidies de la réforme des retraites 2023

Dans le débat qui s’annonce pour le début de l’année 2023 au sujet de la réforme des retraites, comment peut-on décrypter les discours du président Macron et du gouvernement ? Autant d’arguments avancés, autant de contre-vérités factuelles. Gouverner par anti-phrases contribue-t-il au débat démocratique, éclaire-t-il celui-ci ou consiste-t-il à faite prendre des vessies pour des lanternes ? En 1671, Molière mettait en scène « Les fourberies de Scapin ». En 2022-2023, de qui parlerait-il ?

1. Une perfidie sur l’espérance de vie

Lors de la réforme dite Fillon de 2003, le gouvernement d’alors avait tenté de la justifier par l’argument mathématique suivant. Puisqu’en moyenne les deux-tiers de la vie adulte étaient passés au travail et un tiers au temps de retraite, il fallait appliquer cette règle à l’allongement constaté de l’espérance de vie : deux tiers de cet allongement pour travailler plus longtemps, un tiers pour augmenter le temps de retraite ; on avait appelé cela la règle des 2/3-1/3. À l’époque, les démographes et statisticiens disaient que le gain d’espérance de vie était d’un trimestre par an. Or ce n’est plus du tout le cas. L’espérance de vie augmente très peu : un mois par an environ au lieu d’un trimestre. Ainsi, depuis 2010, les Français ont en moyenne gagné une année d’espérance de vie.

Que propose Monsieur Macron ? Une année d’espérance de vie gagnée et trois ans de travail en plus : donc neuf tiers de l’allongement de l’espérance de vie. Par rapport à la réforme Fillon, celle du président Macron est 9/3 / 2/3 = 9/2 = quatre fois et demie plus sévère, plus réactionnaire.

2. Une perfidie à l’encontre des premiers de corvée

Si le projet Macron est mené jusqu’au bout, il faudra attendre 65 ans pour pouvoir partir à la retraite. Ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans auront travaillé pendant 47 ans, sauf s’ils bénéficient des dispositifs dits de carrière longue. Ceux qui ont commencé à travailler à 23 ans après des études longues et qui doivent 42 ans de cotisation auront juste 65 ans au moment de partir à la retraite. Donc cela ne changera rien pour eux par rapport à la législation actuelle. Les économies que veut réaliser le gouvernement se feront donc sur le dos de ceux qui ont commencé à travailler tôt, occupé les travaux les moins bien payés et de, surcroît, les plus pénibles, en un mot les premiers de corvée. Autrement dit, pour ces derniers, et notamment pour les femmes, ce sera la triple…

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Auteur: Jean-Marie Harribey