Les stations de ski « fantômes » cherchent un nouveau souffle

[Série 3/7] Alors que la neige manque, quel avenir pour le ski ? Réchauffement climatique, stations abandonnées ou en reconversion, nouvelles activités… Dans cette série, Reporterre fait le tour d’horizon des défis que doit relever la montagne.


Saint-Honoré, Château-Bernard (Isère), reportage

« Il y a vingt ans, tout cela était vierge. Un labyrinthe de béton brut sans le moindre graffiti. Ça a été un terrain de jeu incroyable pour moi. » Tombée la veille dans le hameau de Saint-Honoré, dans le sud de l’Isère, la neige crisse sous le poids de Christophe Stagnetto en ce matin de fin janvier. L’air glacé transforme ses mots en vapeur blanchâtre. Le photographe, qui fait partie de la cinquantaine de personnes à habiter dans cette ville-dortoir, est au milieu des vestiges d’un complexe hôtelier, prévu autrefois pour accueillir les passionnés de ski. Parmi les décombres et les bombes de peinture usagées, repose aussi le décor de ce qui devait devenir un jour un somptueux restaurant panoramique. Aujourd’hui, le site est à l’abandon.

En 2021, une étude du géographe Pierre-Alexandre Métral dénombrait 186 stations de ski ayant baissé le rideau, pour 414 encore en fonctionnement. En cause notamment, la perte d’un mois d’enneigement sur l’ensemble des Alpes depuis 1970, d’après Météo-France, bouleversant l’industrie quasi centenaire de l’industrie alpine. Puis, aux répercussions du changement climatique s’est ajoutée la concurrence féroce des grands domaines. Avec pour conséquence l’arrêt de nombreuses stations plus modestes.

À Saint-Honoré, bourgade d’à peine 800 âmes, c’est la fermeture des mines voisines dans les années 1960 qui a incité les élus locaux à élaborer un projet de station de ski : Saint-Honoré 1500. Celle-ci a été reliée au domaine de l’Alpe du Grand Serre, « le doyen du département », à 20 kilomètres au nord. En trois décennies, télésièges, tir-fesses, résidences, routes et courts de tennis sont sortis de terre. Flairant la bonne affaire, un promoteur immobilier a même lancé un chantier d’hôtel pouvant accueillir 1 170 touristes : « C’était démesuré, s’amuse Christophe Stagnetto. La folie des années 80, avec centre commercial, discothèque, salle de sport, piscine, sauna, bowling… »

« Investir autant à cet endroit était une erreur », estime aujourd’hui Jean-Pierre Curt, le maire de Saint-Honoré, qui se souvient des premières descentes, hésitantes, de sa fille sur ces pistes. Pour lui, la raréfaction de l’or blanc a précipité la fin de la station : « Les investisseurs se sont vite aperçus que la neige ne tombait plus. Il faut dire qu’on est exposé plein sud. »

« Une verrue dans…

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Auteur: Emmanuel Clévenot Reporterre