Les supermarchés favorisent-ils une alimentation bonne pour le climat et la santé ? C’est la question à laquelle tente de répondre le dernier rapport de l’ONG Réseau Action Climat, paru jeudi 2 février. Une quarantaine d’indicateurs (mise en avant de produits bons pour le climat, engagement à baisser les émissions de gaz à effet de serre, recommandations nutritionnelles, etc.) a permis de noter huit enseignes (Auchan, Carrefour, Casino, Intermarché, E.Leclerc, Lidl, Monoprix, Système U). Résultat : aucune n’atteint la moyenne de 10 sur 20. Benoit Granier, responsable alimentation au Réseau Action Climat, nous explique les raisons de ces mauvais résultats.
Reporterre — Pourquoi avoir réalisé ce rapport sur les supermarchés ?
Benoit Granier — Aujourd’hui, 70 % de nos achats alimentaires sont faits en grande surface. En particulier la viande et les produits laitiers, qui représentent les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre de notre alimentation. Pour la viande, 80 % des achats viennent de grandes et moyennes surfaces.
Les enseignes de la grande distribution ont beaucoup d’influence : sur les consommateurs, parce qu’elles peuvent jouer sur les prix, sur les promotions, les publicités, le marketing en magasin, les produits mis en avant ; et sur les fournisseurs, en particulier les agriculteurs, via la rémunération, mais aussi avec leurs marques distributeurs. La grande distribution se présente comme un intermédiaire mettant en rayon les produits des autres. C’est faux, elles produisent la moitié de ce qu’elles mettent en rayon. Certaines gammes de marques distributeurs vont vers le mieux, mais d’autres vers le bas de gamme.
Aucune enseigne n’a obtenu plus de 10/20 à votre évaluation. Comment l’expliquer ?
On est exigeants, parce que l’alimentation représente 24 % de nos émissions de gaz à effet de serre. D’après tous les scénarios, on doit diviser au moins par deux la consommation de viande. Les supermarchés n’ont pas intégré cette nécessité. Cela explique en partie les notes. Sur la question de la promotion de la viande industrielle, par exemple, on a observé que les enseignes continuent de proposer des viandes issues en immense majorité de l’élevage intensif à des prix très bas, pour en vendre un maximum.
Dans les catalogues de six enseignes sur huit, les recommandations nutritionnelles ne sont pas à jour. Avant, le Plan national nutrition santé recommandait de manger de la viande ou du poisson tous les jours et trois produits laitiers par jour. En 2019, il a été révisé : plus besoin de viande ou poisson tous les jours, et on est passé de trois à deux produits laitiers par jour. Aujourd’hui, six enseignes sur huit conservent…
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Auteur: Marie Astier Reporterre