Les travers du vote par correspondance

Rose Campbell-Gerke. — « Ballot box » (urne), 1939.

Les règles électorales sont si intangibles depuis le début du XXe siècle, soit depuis plus longtemps que nos Constitutions, qu’on peut être surpris par les récentes propositions de réforme. Ainsi celle d’instituer le vote par correspondance émise par plusieurs parlementaires français. Certes la pandémie de Covid-19 a rudement secoué les systèmes électoraux en provoquant des situations inédites et des réactions hâtives. En France, ce fut le maintien des élections municipales, précisément du premier tour du scrutin, le 15 mars 2020, qui fut un désastre pour la participation. Pour la première fois, l’abstention l’emportait largement sur la participation et faussait largement les résultats puisqu’on vit des listes élues avec moins de 20 % des inscrits. L’issue du deuxième tour, organisé le 20 juin suivant, ne renversa pas les tendances, — forte abstention et listes (apparemment) secondaires élues contre toute attente. Cela n’entacha pas la légitimité des vainqueurs puisque, conformément au principe du régime représentatif, seuls les votes exprimés comptent. À la limite, il suffirait d’un seul. Les agents politiques savent bien cependant, quoi qu’il leur en coûte, que la légitimité des élections risque d’être progressivement entamée par des taux décroissants de participation. À quel niveau ? Personne ne le sait mais personne ne veut en faire l’expérience. À cet égard, l’épisode des municipales de 2020 n’a fait qu’accélérer un long processus de désinvestissement du vote. Sauf exception notable des élections présidentielles. Mais en matière de désastre annoncé, on se montre volontiers attentiste.

Lire aussi « Dossier États-Unis : Changement ou restauration ? », Le Monde diplomatique, décembre 2020.

L’élection présidentielle américaine risquait la même désertion s’il n’y…

Auteur: Alain Garrigou
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