Les véganes ignorent le métier de paysan


 ; »> Le néopaysan Mathieu Yon est chroniqueur pour Reporterre. Il vous raconte régulièrement les joies et les déboires de son installation dans la Drôme en tant que maraîcher biologique en circuit court.

Pour contrer l’industrialisation de l’agriculture, les paysans, les consommateurs et les écologistes imaginèrent lors de la lutte contre les OGM, autour de l’an 2000, une alliance pour défendre une agriculture paysanne soucieuse de l’environnement et de la santé des consommateurs. Cette alliance eut de nombreux effets positifs, comme la valorisation des circuits courts et de l’image du « paysan ». Pourtant, elle montre aujourd’hui ses limites, car elle présente un risque qui n’avait sans doute pas été envisagé : prendre les paysans en étau entre les demandes des consommateurs et celles des écologistes, dont certaines sont éloignées des réalités quotidiennes du monde agricole.

Les paysans ont été enfermés dans l’obligation morale et libérale de nourrir le monde. Peu importe s’ils parviennent difficilement à se rémunérer : ils doivent produire l’abondance que la société de consommation exige et ils doivent le faire avec des coûts de production les plus faibles possibles afin de se maintenir dans la course à la compétitivité. Les citoyens ont-ils conscience de cette condition paysanne impossible, qui consiste à nourrir la population sans se rémunérer soi-même ?

Pleurs d’éleveurs

L’antispécisme, qui pourrait être une manière d’élever ensemble la condition paysanne et animale, prend à partie les paysans en les accusant d’être des meurtriers. Si les paysans ont un rapport au vivant qui n’exclut pas la mort ni même la possibilité de souffrance, cela n’implique pas de fascination maladive pour l’abattage des animaux. Il y a même des éleveurs qui pleurent lorsqu’ils doivent réformer une de leurs vaches.

Mais un rapport purement sensible et contemplatif avec la nature, qui ne prend pas en compte la dimension sociale, économique mais aussi charnelle de notre condition, reste en dehors des réalités agricoles. Pour le monde agricole, la question n’est pas tant d’imaginer de nouveaux rapports au vivant évitant la mort que de perpétuer des usages vivants acceptant la mort.

Mort « digne »

Les paysans ont pour la plupart une relation à la terre et une sensibilité au vivant. Cela semble difficile à comprendre de nos jours, mais les éleveurs éprouvent de l’affection pour leurs bêtes et leurs troupeaux. L’argument antispéciste ou végane…

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Auteur: Mathieu Yon Reporterre