Les « visioprofs » , dernière trouvaille face à la pénurie d'enseignants : « Du marketing pour calmer les parents ! »

Il faut visualiser une classe remplie d’enfants de dix ou onze ans. Ils sont en sixième au collège Émile-Gallé de Lexy, en Meurthe-et-Moselle. Dans la salle, aucun professeur n’est présent. Il est seulement projeté en très grand sur le tableau, et dispense son cours de français à distance. Ce sera le cas pendant toute une année. C’est un « visioprof ».

« Ma fille me racontait que quand un élève levait la main, le prof disait « la main avec la manche jaune » »

À la rentrée 2021, un poste d’enseignant de lettres n’est pas pourvu dans l’établissement. Dans ce territoire du nord de la Lorraine, à la frontière avec la Belgique et le Luxembourg, ce n’est pas une première. Auparavant, l’établissement s’arrangeait en interne pour assurer la plupart des remplacements, mais l’année dernière, jongler avec les emplois du temps des enseignants n’a plus suffi : une classe de sixième se retrouve sans cours de français. Les parents d’élèves protestent, écrivent même au ministre de l’Éducation de l’époque, Jean-Michel Blanquer. Rien n’y fait. Alors, un peu avant Noël, le rectorat annonce avoir trouvé la solution : des remplacements en visioconférence.

« C’est mieux que rien, mais ça reste malgré tout catastrophique pour les enfants, observe la mère d’une élève concernée. Ma fille me racontait que quand un élève levait la main, le prof disait « la main avec la manche jaune ». » Une classe de sixième s’est vu dispenser un cours de français en visio jusqu’à la fin de l’année scolaire, quatre autres classes pendant quelques semaines.

Parents d’élèves et syndicats décrivent ces premiers remplacements en visio comme un « fiasco ». Ils ont pourtant été les prémices d’une pratique devenue officielle depuis, avec la création d’une « brigade numérique de remplacement » dans l’académie de Nancy-Metz. Une invention sortie tout droit du premier confinement, à l’époque où la visioconférence apparaît comme une réponse à un enjeu de santé publique.

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Auteur: Adèle Cailleteau