« Les voilà ! » Ces huit buffles réintroduits pour sauver les Landes de Gascogne

Lacanau (Gironde), reportage

Les serres agrippées à l’écorce d’une bourdaine, une pie-grièche enfouit son bec crochu sous son plumage ébouriffé. Les douces ondulations des eaux sombres trahissent la présence de quelques amphibiens fantomatiques. Au loin, ronronne le moteur d’un tracteur… bientôt escorté d’un mugissement guttural. Les yeux de François Sargos, conservateur des lieux, s’écarquillent et d’un souffle empreint d’émotion, il chuchote : « Les voilà ! »

Le 11 avril, huit buffles d’eau — Bubalus bubalis — ont été introduits près de l’étang de Cousseau, en Gironde. Blottie entre Bordeaux et l’océan Atlantique, cette réserve naturelle créée en 1976 abrite le marais de Talaris et ses 600 hectares d’étendue vierge et humide. Un écosystème confronté dès le XIXe siècle à la sylviculture intensive. Chaque année, les forêts de pins maritimes grignotent ces landes dépourvues de défense. Il existe toutefois une parade : la réintroduction de vaches, buffles et autres grands herbivores. En piétinant le sol, ils limitent l’expansion infinie de la forêt et laissent s’épanouir une riche biodiversité.

« L’humain élimine tous les grands herbivores, véritables ingénieurs écologiques, depuis des millénaires, dit François Sargos. Les bisons, les tarpans et les aurochs ont tous été chassés. L’effondrement de la biodiversité n’est pas un mythe. Or, au même titre qu’une recette de gâteau, retirez un ingrédient et tout l’écosystème déraille. »

En 1990, quelques vaches landaises ont été sauvées in extremis de l’abattoir et réintroduites dans leur territoire ancestral. En pâturant, elles maintiennent la mosaïque du marais de Talaris, au grand bonheur d’autres habitants, comme les loutres ou le fadet des laîches, un petit papillon ocre.

Sans les herbivores, les pins auraient tout englouti

Des oiseaux nicheurs, comme le vanneau huppé, le courlis cendré ou le…

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Auteur: Emmanuel Clévenot