Les zapatistes viennent en Europe raviver les braises de la rébellion

Chiapas (Mexique), reportage photo ; Paris, rédaction

Au Chiapas, dans le sud du Mexique, on évoque parfois une vieille légende, celle d’une montagne vivante qui navigue à contre-courant. Vêtue d’arbres, d’oiseaux et de pierres, la montagne se serait levée dans un long gémissement. Elle aurait arraché non sans mal ses pieds de la terre. À son passage, des femmes et des hommes se seraient accrochés aux pans de sa jupe. On dit aussi que des personnes transgenres les auraient rejoints. Elles et ils auraient grimpé sur son corsage, puis sur ses épaules jusqu’à atteindre le sommet de sa chevelure. Tous cheminèrent ainsi très loin, vers d’autres contrées, « cherchant non la différence, non la supériorité, non la confrontation et moins encore le pardon et la compassion ». Ils allèrent « à la rencontre de ce qui les rendait égaux ».

Cette histoire pourrait, aujourd’hui, devenir réalité. C’est du moins ce que racontent les zapatistes. Une délégation d’Indiens du Chiapas s’apprêtent à prendre la mer et à mettre le cap sur l’Europe. Ils emportent avec eux leurs traditions, leurs imaginaires et leur parole révolutionnaire. Depuis le début de l’insurrection, en 1994, les zapatistes n’ont quasiment jamais quitté leur territoire. Cette traversée de l’Atlantique est une première. Avec ironie, ils l’ont baptisé « la conquête inversée ». Cinq cents ans après la fin de l’Empire aztèque, écrasé par l’armée de Cortès, les peuples autochtones envahissent symboliquement les puissances coloniales. Ils viennent mener la bataille au cœur de « l’hydre capitaliste ».

Environ 150 zapatistes sont attendus. Les trois quarts sont des femmes. Dans leur première déclaration, en octobre dernier, elles et ils annonçaient qu’ils étaient « porteur·se·s du virus de la résistance et de la rébellion ». Elles et ils appelaient à « faire nôtres les douleurs de la terre » et à combattre pied à pied « un système exploiteur, patriarcal, pyramidal, raciste, voleur et criminel ». « La survie de l’humanité dépend de la destruction du capitalisme », assuraient-elles.

« L’expérience zapatiste est une utopie réelle »

Pour les accueillir, des milliers de personnes s’activent en Europe. Pendant plusieurs mois, la délégation va sillonner le continent à la rencontre des territoires et des populations en lutte. L’objectif du voyage est de relier les combats, de favoriser l’échange et le dialogue en évitant toute prétention à l’homogénéisation et à…

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Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre