Chaque année dans le monde, selon la FAO, 14 % des aliments sont jetés ou perdus avant d’arriver en magasin, lors de la récolte, de la transformation ou du transport – on parle de pertes alimentaires –, et 19 % supplémentaires le sont par les distributeurs, les restaurateurs ou les consommateurs, ce qu’on désigne alors comme du gaspillage alimentaire. Au total, un tiers de la production alimentaire mondiale finit à la poubelle.
Ce problème représente non seulement un désastre environnemental — en termes d’eau, d’émissions de CO₂ ou d’occupation des sols — mais aussi un scandale éthique, dans un contexte de précarisation croissante de l’alimentation.
Pour répondre de manière concrète à ce défi mondial, l’Espagne a promulgué une loi visant à prévenir les pertes et le gaspillage alimentaires sur l’ensemble de la chaîne de production et de consommation. Une initiative qui inscrit le pays dans une dynamique impulsée par l’Union européenne et les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies, notamment l’ODD 12.3, qui appelle à réduire de moitié le gaspillage alimentaire par habitant d’ici 2030.
Un alignement avec les objectifs européens
Adoptée en parallèle de la validation de la directive européenne relative à la gestion des déchets, la loi espagnole entend répondre aux exigences fixées par l’UE. La directive, dans sa version de 2025, introduit des objectifs pour les États membres : une réduction de 10 % des pertes dans la transformation et de 30 % du gaspillage par habitant d’ici à 2030, par rapport à la moyenne des années 2021 à 2023.
Dans ce contexte, l’Espagne fixe ses propres seuils de réduction : une baisse de 50 % du gaspillage alimentaire par habitant, et de 20 % des pertes alimentaires d’ici à la fin de la décennie. Une ambition qui positionne l’Espagne comme l’un des pays les plus volontaristes de l’Union à côté de la France et l’Italie.
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Auteur: Louis Laratte