Elle avait donné une intervention remarquée à la tribune des Nations Unies le 8 octobre 2019 pour révéler la vérité sur les conséquences sanitaires des 193 essais nucléaires réalisés par la France entre 1966 et 1996 en Polynésie dite française. La tahitienne Hinamoeura Cross, une des nombreuses victimes de ses essais, est atteinte d’une leucémie depuis huit ans. Elle nous livre son témoignage sur son combat.Propos recueillis par Matthieu Delaunay.
LR&LP : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 32 ans, suis maman d’un petit garçon de neuf ans et nous habitons dans la commune de Mataiea à Tahiti. J’ai grandi dans une famille avec des parents ayant un certain statut puisque mon père est avocat et ma mère une femme politique indépendantiste. J’ai donc grandi avec ces modèles.
J’ai suivi des études de droit, mais ne me voyais pas reprendre le cabinet d’avocat de mon père. Comme j’ai toujours aimé la cuisine, je me suis retrouvée à la tête d’une société de traiteur constituée d’une équipe solide, ce qui me permet d’avoir du temps pour travailler sur d’autres causes.
Je viens de monter une société immobilière, ai encore beaucoup d’autres projets en tête, mais mes 30 ans ont marqué le début de mon engagement en rapport avec le fait nucléaire dont mon peuple a été victime.
Le 2 juillet 2019, jour de commémoration du premier essai nucléaire en 1960, j’ai décidé de révéler au grand jour ma maladie et le 8 octobre 2019, j’ai témoigné devant la 4ème Commission des Nations Unies. Depuis, je suis portée par les encouragements et les soutiens et j’ai envie de défendre cette cause. J’ai le sentiment que ça va être le combat de ma vie.
LR&LP : De quelle maladie souffrez-vous ?
La Leucémie myéloïde chronique est un cancer du sang qui touche la moelle épinière. Je vis dans l’idée que je vais bien et j’y pense peu. Mon quotidien a été très difficile au début, surtout les premières années : prise de sang toutes les semaines, ponction de la moelle osseuse mensuelle.
Ces ponctions sont la pire chose dans cette maladie puisque, sans anesthésie, on vous enfonce une énorme aiguille de dix centimètres dans le thorax. C’est plus douloureux qu’un accouchement.
Moi j’étais déjà adulte, mais je pense encore avec émotion aux milliers d’enfants polynésiens qui sont touchés par la leucémie et qui subissent ces mêmes analyses.
À l’heure actuelle, je prends un cachet de chimiothérapie par jour qui…
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Auteur: Matthieu Delaunay