L'État français, soutien indéfectible de Total en Ouganda

Difficile, pour l’État français, de continuer à ignorer les conséquences humaines et environnementales des ambitions pétrolières de Total en Ouganda. Plusieurs banques françaises se sont prudemment retirées des projets Tilenga et EACOP. Quatre rapporteurs spéciaux des Nations unies ont demandé des comptes à la multinationale. Un bras de fer judiciaire, mené par six ONG, est en cours. Pour autant, le gouvernement français n’en démord pas. Son soutien à ce projet pétrolier titanesque (incluant l’oléoduc chauffé le plus long du monde) est indéfectible. « Comment des institutions publiques censées représenter l’intérêt général peuvent-elles se mettre au service du pétrole et des intérêts d’une entreprise multinationale ? » questionne un rapport de l’Observatoire des multinationales, des Amis de la Terre et de Survie, paru jeudi 14 octobre.

Au cœur de l’Afrique des Grands Lacs, l’État français ne se cache pas. Première courroie de transmission : l’ambassade, installée dans la capitale ougandaise, Kampala. Total cofinance la plupart de ses événements culturels, de la fête du 14 juillet à la « Semaine de l’amitié Ouganda-France ». « Total en est le sponsor numéro un, même si ce n’est pas l’unique », expose Juliette Renaud, responsable de la campagne régulation des multinationales des Amis de la Terre. L’ambassadeur, Jules-Armand Aniambossou, était le camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’École nationale d’administration (ENA). Fin août 2021, il a organisé une cérémonie officielle « en l’honneur » de l’ex-directeur général de Total Énergies Ouganda, Pierre Jessua, depuis remplacé par Philippe Groueix.

Une famille ougandaise. © Les Amis de la Terre France

Seconde courroie de transmission : l’Alliance française. La multinationale y est, là aussi, un sponsor omniprésent. « Je n’ai jamais vu une soirée à l’ambassade ou à l’Alliance française où il n’y avait pas le logo de Total », raconte Thomas Bart, porte-parole de Survie, qui a lui-même vécu en Ouganda de 2015 à 2019. Un tel affichage « fait grincer des dents dans le pays. Car la France y reste donneuse de leçons sur les droits humains, tout en déroulant le tapis rouge à Total », note Juliette Renaud.

« Ce qui se passe en Ouganda, les citoyens français ne le savent pas »

À Paris, en revanche, c’est la politique de l’autruche. Face aux alertes des ONG, le gouvernement n’a jamais pris position publiquement. Thomas Bart décrit « un soutien de…

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Auteur: Maïa Courtois Reporterre