L'État veut maintenir l'ordre avec des LBD à munitions marquantes

Tirer, choquer, traquer. Les 10.000 munitions marquantes pour lanceurs de balles de défense (LBD) commandés par le ministère de l’Intérieur n’ont rien de radicalement nouveau, mais se font en coordination avec l’élargissement et l’extension en cours des pouvoirs de police.

Ces munitions ressemblent fortement aux balles de LBD classiques. Elles sont également d’un calibre de 40mm et seule leur tête diffère. Comme on le voit sur cette vidéo de promotion d’un fabricant étasunien de balles de ce genre, la partie avant se délite à l’impact pour laisser s’échapper une substance colorante. L’arrière de la munition en caoutchouc est tout aussi rigide que les balles désormais habituelles en France.

Déjà présentes aux États-Unis pour le maintien de l’ordre, ces munitions ont fait polémique lors de la répression des mobilisations Black Lives Matter en 2020. Sur une vidéo visionnée plus de 29 millions de fois sur Twitter, on voit des policiers faire feu avec des munitions marquantes sur des personnes devant leur domicile.

Des munitions qui éborgnent aussi

Le même type de munition semble avoir touché et éborgné la journaliste Linda Tirado, le 30 mai 2020. Sur les photos qu’elle avait partagées sur son compte Twitter, on peut clairement voir l’impact du produit marquant vert, notamment sur son sac à dos. Ce jour-là, le département de police de Minneapolis avait assuré n’avoir utilisé que des munitions marquantes de 40mm. Autrement dit, le même type de munition que les 10.000 commandées par le ministère de l’Intérieur.

La munition qui a touché la journaliste à l’œil est vraisemblablement du même type que celle produite par la société états-unienne Defense Technology. L’effet marquant n’enlève donc rien à la dangerosité d’un tir de LBD, selon Paul Rocher, auteur de Gazer, Mutiler, Soumettre (ed. La Fabrique) sur les armes non-létales. « La particularité des armes supposées non-létales c’est qu’on les désigne toujours avec des mots euphémisants. En 1995 par exemple, avec l’émergence des Flashball, le journal Libération titrait : « La police dotée de balles en mousse ». C’est problématique puisque c’est parce que ces armes et ces munitions sont supposées non-létales que les policiers les utilisent autant. Avec ces balles marquantes les policiers risquent de se croire dans une partie de paintball, cela renforcera l’idée que ces munitions sont sans danger. »

Mais à quoi vont servir ces munitions marquantes, en dehors de leur effet incapacitant ?…

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Auteur: Reporterre