L'Étoile jaune et la rafle du Vél' d'Hiv

Il y a 80 ans aujourd’hui, le 29 mai 1942, une ordonnance nazie rendait le port de l’étoile jaune obligatoire pour les juifs, dès l’âge de 6 ans. S’ensuivit la stigmatisation, l’exclusion, la déportation et pour beaucoup la mort. En guise de commémoration, nous publions ce texte inédit de Maurice Rajsfus, célèbre militant et historien de la répression, que nous ont confié ses enfants et ses éditeurs. Rédigé à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vel’ d’Hiv, ce texte aussi poignant qu’affûté revient sur ses souvenirs d’enfance, lorsque il fallut porter l’étoile, raser les murs et craindre à chaque instant, le zèle de la police française. Et comme il en va tout au long de l’œuvre de Maurice Rajsfus, il ne s’agit pas seulement de se souvenir mais aussi et d’abord de déceler ce qui dans l’histoire, continue malheureusement de résonner dans le présent : « Les forces de l’ordre ne font pas de politique, nous a-t-on toujours expliqué. »

L’Étoile jaune et la rafle du Vél’ d’Hiv

Il y a soixante-quinze ans se déroulait l’innommable !

Deux ans après leur arrivée à Paris, les autorités nazies avaient décidé de nous affubler de cette abominable étoile jaune, par une ordonnance datée du 29 mai 1942. Nous en avions été avertis par voie de presse. Ce qui est certain, c’est que notre police française avait été chargée d’en faire la distribution, contre la remise de quelques points de notre carte de rationnement textile. Cette assignation à se décorer était spécifiée de façon particulièrement ambiguë : nous n’étions pas dans l’obligation de porter cette étoile jaune infamante, mais il nous était interdit de sortir de notre domicile sans l’arborer visiblement.

Une date avait été fixée pour porter cette décoration : le dimanche 7 juin 1942. Dès ce jour, les fidèles mercenaires de la Gestapo qui portaient l’uniforme de la police française allaient se livrer à une véritable chasse au faciès, interpellant tous ceux qui n’avaient pas le bon profil, pour contrôler leur identité. Dès ce même jour, nous avions été soumis à n’emprunter que le wagon de queue dans le métro parisien. Ce n’était là qu’un hors-d’œuvre puisqu’une autre ordonnance nazie, datée du 9 juillet 1942, interdisait aux porteurs de l’étoile jaune de fréquenter la plupart des lieux publics, hormis la rue et les transports en commun. Ne nous restait que la liberté de respirer un air contaminé par la sinistre bonne volonté de nos policiers…

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Auteur: lundimatin