Le pouvoir trumpiste a jeté en prison Mahmoud Khalil, militant palestinien et figure du mouvement étudiant de solidarité avec Gaza aux États-Unis. Dans cette lettre, dictée depuis sa prison dans l’État de Louisiane, celui-ci revient sur les conditions et la signification politique de son arrestation arbitraire, tout en soulignant la contribution de son ancienne université, Columbia, à cette odieuse répression de la solidarité.
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Je m’appelle Mahmoud Khalil et je suis un prisonnier politique. Je vous écris depuis un centre de détention en Louisiane, où je me réveille dans le froid et passe de longues journées à être témoin des injustices silencieuses qui frappent un grand nombre de personnes privées de toute protection légale.
Qui a le droit d’avoir des droits ? Certainement pas les êtres humains entassés dans les cellules ici. Pas plus que ce Sénégalais que j’ai rencontré, privé de liberté depuis un an, bloqué dans une situation juridique incertaine, tandis que sa famille demeure à des milliers de kilomètres. Ni ce jeune homme de 21 ans, arrivé aux États-Unis à l’âge de neuf ans, aujourd’hui expulsé sans même avoir eu droit à une audience.
Dans ces centres de détention, la justice échappe aux contours de cette nation.
Le 8 mars, des agents du DHS m’ont interpellé alors que je rentrais d’un dîner avec ma femme. Ils ont refusé de me présenter un mandat et nous ont accostés de manière brutale. Les images de cette nuit-là sont désormais publiques. Avant même d’avoir le temps de comprendre ce qui se passait, on m’a menotté et forcé à monter dans une voiture banalisée. Ma seule inquiétude, à ce moment-là, était pour Noor. Je ne savais pas si elle aussi allait être arrêtée, car les agents l’avaient menacée d’arrestation simplement parce qu’elle refusait de me quitter.
Pendant des heures, le DHS n’a rien voulu me dire. J’ignorais la raison de mon arrestation…
Auteur: redaction