Lettre depuis l'isolement – Libre Flo

Le 8 décembre dernier, une opération antiterroriste visait 9 militants politiques français. Les quelques éléments de langage et de procédure distillés dans la presse par la police laissent songeur. Une association de Paint Ball, un artificier qui travaille à Disneyland et quelques discussions de fin de soirée où l’on dit tout le mal que l’on pense de la police nationale captées par des micros cachés de la DGSI. Pour comprendre comment l’ « élite » de la police française, le parquet antiterroriste puis la galerie Saint-Éloi on pu se convaincre de la nécessité de surveiller, interpeler et incarcérer ces jeunes gens, il faut ajouter un élément biographique : l’un d’entre eux, « libre Flo » a participé à la lutte contre Daesh au Rojava. Nos lecteurs les plus attentifs se souviendront qu’en septembre 2019, nos confrères de Mediapart avaient promu sans nuance ce nouveau paradigme de l’antiterrorisme français : celles et ceux qui se sont rendus au Rojava pour y défendre l’expérience politique en cours des assauts de Daesh et de l’armée turque seront désormais considérés comme des « revenants » radicalisés et dangereux. Il s’agissait, par le vocabulaire même (revenants, radicalisation, etc.) de mettre sur le même plan activistes libertaires ou d’extrême gauche et militants islamistes radicaux ; et de préparer l’opinion à ce qu’il ne manquera pas d’advenir avec l’affaire dont il est ici question. Un an après ces arrestations et incarcérations, toutes et tous ces « terroristes présumés » ont été libérés, à l’exception d’un seul, considéré comme « LE chef », Libre Flot, qui s’était rendu à Kobané. Incarcéré depuis presque 12 mois à la prison de Bois d’Arcy, il est soumis à un régime d’isolement habituellement réservé aux militants islamistes radicaux. Privé de tout contact avec les autres détenus, réveillé à heure régulière pour être surveillé, quadruple rangée de barreaux aux fenêtres, promenade seul dans une cours de 20m2 dont même l’accès au ciel est grillagé, limitation des parloirs et de l’accès aux livres, etc. Dans cette lettre que nous publions aujourd’hui, Libre Flot raconte ce que ce traitement produit psychiquement et physiquement. A sa lecture, on comprend qu’il n’est évidemment pas question de mesures de sécurité mais bien d’une punition qui s’ajoute à la peine préventive, d’une violence qui vise à casser le détenu depuis l’intérieur de lui-même, à le briser sans coup, en silence ; une…

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Auteur: lundimatin