Lettre d'un anesthésiste-réanimateur

Un lecteur de lundimatin qui s’avère être médecin anesthésiste-réanimateur nous fait par de ses impressions sur les deux dernières années, depuis le début de la pandémie au printemps 2020 jusqu’à la vaccination de masse et la situation actuelle. Il décrit l’évolution de l’ambiance, allant d’un travail d’équipe pour faire face à la situation exceptionnelle jusqu’à l’imposition de règles de plus en plus absurdes et la stigmatisation aberrante croissante des non-vaccinés.

Printemps 2020

À tout égard cet épisode fut pour moi extraordinaire, au sens étymologique : hors de l’habitude, non commun. Ma région fut vraiment impactée. Passé l’effroi initial une stratégie d’urgence fut mise en place. Je ne participais pas à son l’élaboration (qui dut avoir lieu entre l’ARS, la direction et les chefs de pôle médicaux) mais j’y trouvais immédiatement ma place. Un coup de téléphone aux chefs de pôle : je suis là – on a besoin de toi pour faire ça – ok j’y vais. Et c’est ainsi que je me retrouvais en charge d’un secteur de soins intensifs covid installé dans un ancien secteur médical. Nous eûmes deux jours de répit avant que les malades ne déferlent, ce qui nous permit de nous organiser et de prendre conscience de tout ce qui allait nous manquer. Nous ? c’était l’équipe de bric et de broc constituée pour l’occasion. Soit votre serviteur, un autre médecin absolument pas rompu aux soins critiques mais volontaire, un interne d’une autre filière, des infirmières, un cadre infirmier et des aides-soignantes. L’équipe paramédicale se connaissait, et si certains avaient fait de la réanimation par le passé, ce n’était plus du tout leur mode d’exercice actuel. Quant aux locaux il s’agissait d’un banal secteur de médecine. Si les équipes techniques avaient pu nous installer des moniteurs de surveillance (les écrans avec les courbes de toutes les couleurs dans les séries télé), aucune porte n’était vitrée, or la surveillance visuelle est fondamentale chez les patients graves (ce n’est pas par facilité ou impudeur que les réanimations sont vitrées). Enfin le matériel : pas de cathéters artériels (j’ai tout de suite renoncé à m’en servir), des lunettes anti-projections en nombre juste (attention à ne pas les casser), ainsi que des caisses de masques, de gants et de blouses, mais pour combien de temps ? Je savais de source sûre que le stock de l’hôpital était de quelques jours et que nous étions suspendus à un approvisionnement…

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Auteur: lundimatin