Lettre d’une fourmi à une ministre

Le 1er mars 2021, à Lille,

Madame Vidal,

J’ai été sollicitée pour vous rencontrer et échanger avec vous sur les prolongations de contrats doctoraux, et plus généralement, sur les effets de la crise sanitaire sur la recherche. Après avoir mûri ma réflexion, j’ai finalement décidé de ne pas venir vous rencontrer.

Je ne souhaite pas vous rencontrer car, dans la lignée de vos prédécesseur·es, vous avez poursuivi la politique de destruction de l’université française. Parcoursup, «Bienvenue en France» et la LPR sont des politiques qui ne cherchent qu’à institutionnaliser la sélection sociale des étudiant·es,la discrimination envers les étudiant·es étranger·es extra-européen·nes et accentuer la précarité des chercheur·es.

Je ne souhaite pas vous rencontrer car depuis le début de la crise sanitaire, vous n’avez proposé aucune vraie solution pour répondre à la détresse des enseignant·es et des étudiant·es. Votre gestion de la crise est déplorable et met un peu plus en lumière votre incapacité à écouter et entendre les alertes qui viennent de partout. Au-delà de la crise sanitaire, c’est le peu de considération que vous offrez à ce qui ne rentre pas dans votre définition de l’excellence que je dénonce ici. Les universités sont pleines à craquer et les enseignant·es, trop peu nombreux·ses, se démènent et s’épuisent afin de transmettre un savoir qu’ils et elles estiment précieux. Ne vous méprenez pas, le problème ici n’est pas le nombre d’étudiant·es toujours plus grand qui souhaitent entrer à l’université. C’est bien le manque cruel d’investissement massif dans l’enseignement supérieur et la recherche, de recrutement sur des postes pérennes, pour les enseignant·es mais aussi dans l’administration. À ce titre, la LPR est exemplaire du peu d’ambition que vous possédez pour améliorer les conditions de toutes et tous, et pas seulement d’un petit nombre de privilégié·es!

L’université tient aujourd’hui grâce à une armée de vacataires et de contrats courts dont la précarité s’aggrave d’année en année. Cela pour mieux éviter de recruter sur des postes pérennes des chercheur·es qui ont prouvé leurs compétences par leur parcours. Si je devais prendre un exemple, seulement onze postes de maître·sse de conférences ont été ouverts en science politique pour la rentrée prochaine. Onze postes pour des centaines de docteur·es qui ont un jour rêvé, et rêvent peut-être encore, d’intégrer l’université et de contribuer…

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Auteur: Ana