L'Europe se rue vers le gaz naturel liquéfié au mépris du climat

Le 24 février dernier, la Russie de Vladimir Poutine envahissait l’Ukraine. Depuis, l’Union européenne (UE) tente de réduire sa dépendance au gaz russe, qui représente 45 % de ses importations. L’affaire est devenue pressante depuis que l’entreprise Gazprom a décidé, le 27 avril, de couper le robinet de la Bulgarie et de la Pologne. « Une menace à peine voilée » à l’encontre du reste des vingt sept États membres, selon la spécialiste de politique européenne Tara Varma. Afin de se prémunir contre des ruptures d’approvisionnement, l’UE mise sur le gaz naturel liquéfié (GNL), qui peut être transporté par bateau depuis d’autres pays. Sur le plan climatique, le remède choisi est cependant pire que le mal.

Le gaz naturel liquéfié est similaire, en matière de composition, au gaz fossile que l’on utilise pour se chauffer, cuisiner ou produire de l’électricité, et que l’Europe achemine actuellement depuis la Russie via des pipelines. Seul son état diffère : « Le GNL est refroidi à -161 °C dans des usines de liquéfaction afin de pouvoir être transporté à l’état liquide », explique Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre. Une fois liquéfié, le gaz traverse les océans depuis les États-Unis, le Qatar ou encore l’Argentine, à bord d’immenses tankers réfrigérés (des méthaniers). Lorsqu’il atteint les ports européens ou asiatiques dotés de terminaux de regazéification, il est retransformé en gaz, et peut rejoindre les réseaux de distribution continentaux usuels.

À la combustion, le GNL émet autant de gaz à effet de serre que du gaz « classique ». Mais si l’on prend en compte l’ensemble de sa chaîne de valeur, il s’avère encore plus néfaste pour le climat. Selon une analyse comparative publiée par le cabinet Carbone 4 en octobre, le GNL émettrait 2,5 fois plus d’équivalent CO2 que le gaz transporté par gazoduc. « Le processus de liquéfaction du gaz et son maintien à température basse est très énergivore », explique Lorette Philippot. Les navires méthaniers consomment également des quantités titanesques de gasoil.

Fuite de méthane dans un bateau transportant du GNL. © Transport & Environment

À cela, il faut ajouter les fuites de méthane, un puissant gaz à effet de serre dont le gaz fossile est composé à environ 90 %. Des déperditions ont lieu tout au long du processus d’extraction et d’acheminement du GNL. Avant qu’il n’arrive à destination, jusqu’à 6 % du méthane qu’il contient peut s’être…

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Auteur: Hortense Chauvin (Reporterre) Reporterre