Si vous avez le sentiment de n’avoir jamais rien compris à la mécanique quantique, ne vous inquiétez pas, Richard Feynman, l’un des plus grands physiciens quantiques du XXe siècle, disait que personne n’y comprenait rien. En effet, la dualité onde-corpuscule est un phénomène quantique qui échappe à l’intuition. Ivan Segré soutient néanmoins, dans cet article, que l’une des plus célèbres expériences de physique quantique, « l’expérience de la double fente », peut constituer l’intrigue d’une « fable philosophique » dont les enjeux politiques et poétiques valent largement le détour proposée ici, celui de quelques jalons d’une fabuleuse histoire de la physique
« Ce qu’exige un ‘‘changement de monde’’ au sens fort par-delà l’inventaire des contraintes et des possibilités, c’est une mutation de l’imaginaire collectif. Tel est le rôle que pourrait jouer l’usage de fables physico-philosophiques. C’est-à-dire d’utopies aptes à favoriser une appréhension visuelle, gestuelle, intuitive, d’entités théoriques qui étaient au départ considérées comme exclusivement abstraites. »
Michel Bitbol, Mécanique quantique. Une introduction philosophique
L’expérience de la double fente est l’une des plus célèbres expériences de l’histoire de la physique. Nous soutiendrons ici que, outre ses enjeux proprement scientifiques, cette expérience peut servir de fable philosophique.
L’expérience de la double fente, comme son nom l’indique, consiste en un dispositif composé de deux fentes plutôt qu’une. Pourquoi disposer deux fentes plutôt qu’une ? Parce que pour obtenir des phénomènes d’interférences, signature infaillible d’une réalité physique ondulatoire, il faut que l’entité x se fraie un passage par deux fentes plutôt qu’une.
Qu’est-ce qu’une onde ? Si vous jetez un caillou dans une mare, vous voyez apparaître des vagues circulaires dont le centre est…
Auteur: dev
