L'exploitation des travailleurs agricoles étrangers jugée à Nîmes

Nîmes (Gard), correspondance

« Les conditions indignes, je ne vois pas trop ce que c’est. » Tels ont été les mots de Henry-Pierre Bois, ancien gérant de l’EARL Campagne de Nice, interrogé par le tribunal correctionnel de Nîmes, vendredi 18 mars, sur l’état lamentable du Grand Estagel, son site d’hébergement collectif surnommé « El Carcel » (« la prison ») par les travailleurs et travailleuses de Terra Fecundis. Le plus gros arboriculteur du Gard faisait partie des sept exploitants agricoles accusés d’avoir eu recours aux services de l’entreprise espagnole Terra Fecundis, qui, entre 2017 et 2019 dans le département, a fourni des étrangers non autorisés à travailler .

La mise en cause des agriculteurs pour conditions indignes est une première en France dans ce genre de procès, où les plaidoiries de la défense se poursuivent lundi 21 mars. Ils ont déjà été jugés en 2021 pour « recours aux services d’une personne exerçant un travail dissimulé » et « emploi d’un étranger non muni d’une autorisation de travail salarié » par l’intermédiaire de Terra Fecundis. Henry-Pierre Bois et l’EARL Campagne de Nice sont par ailleurs accusés de « soumission de plusieurs personnes vulnérables ou dépendantes à des conditions de logement indignes » et « non-déclaration de l’affectation d’un local à l’hébergement collectif ».

Le site d’hébergement collectif Grand Estagel, surnommé « El Carcel » (« la prison »). © Hélène Servel/Reporterre

Willy Lubin, vice-procureur de la République de Nîmes, a requis 375 000 euros d’amende contre Terra Fecundis, le maximum prévu par la loi, assortis d’une interdiction d’exercer en France pendant cinq ans et d’une diffusion obligatoire de la peine sur leur site internet. Deux ans de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende ont été requis à l’encontre de Henry-Pierre Bois et 100 000 euros pour son entreprise ; et un an de prison avec sursis, 10 000 euros d’amende par personne physique et 80 000 euros d’amende pour chacune des autres entreprises.

« Traite ouvrière »

« Les Sud-Américains, vous savez comment ils sont… Pour être moi-même allé au Guatemala il y a pas longtemps, on n’a pas la même vision de la propreté », s’est défendu Henry-Pierre Bois.

Promiscuité à deux dans une chambre de 12 m², sanitaires pas assez nombreux, eaux usées coulant sous les mobile homes, infiltrations d’eau, absence d’aération, manque parfois d’eau potable… Si au procès de Terra…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre