L’extrême droite au Parlement européen, ou le renard dans le poulailler

Plusieurs pays de l’Union européenne sont actuellement gouvernés par des partis politiques d’extrême droite.

En Hongrie, le parti Fidesz du premier ministre Viktor Orban démantèle progressivement les protections constitutionnelles de l’État de droit et des institutions démocratiques du pays. La Pologne, sous la houlette du parti Droit et Justice au pouvoir, a montré des tendances tout aussi inquiétantes. Plus récemment, Giorgia Meloni et le parti Frères d’Italie viennent de remporter les élections législatives italiennes de septembre 2022 et ont formé une coalition gouvernementale avec le parti d’extrême droite Lega de Matteo Salvini et le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi. En Suède, le gouvernement minoritaire nouvellement élu dépend du soutien des Démocrates de Suède, un parti d’extrême droite.

Les partis d’extrême droite sont présents sur la scène politique européenne depuis longtemps, mais les partis libéraux et démocrates peinent toujours à élaborer une ligne de conduite claire à leur égard.

Le Parlement européen est un lieu approprié pour observer les dilemmes auxquels les partis traditionnels sont confrontés face aux partis d’extrême droite. En particulier lorsque ces derniers ont été élus démocratiquement et font partie d’une institution démocratique telle qu’un Parlement supranational. Rappelons que le Parlement européen, seul organe directement élu de l’UE, accueille 705 membres élus, issus de 206 partis politiques nationaux. La plupart d’entre eux se rassemblent dans différents groupes politiques partageant des idéologies similaires. L’extrême droite est présente dans plusieurs de ces groupes, ce qui montre à quel point elle est devenue partie intégrante du système.

Des partis présents dans plusieurs groupes au Parlement européen

En 2015, Marine Le Pen et son Rassemblement national ont réussi à créer leur propre groupe politique d’extrême droite et se sont associés à Matteo Salvini et sa Lega. Aujourd’hui, ce groupe au Parlement européen s’appelle Identité et démocratie (ID). Il constitue le cinquième groupe politique le plus important (sur sept). Parmi les autres partis qui y siègent, citons Alternative pour l’Allemagne (AFD) en Allemagne, le Parti de la liberté (FPO) en Autriche, l’Intérêt flamand (Vlaams Belang) en Belgique et le Parti populaire danois.

Le président du parti d’extrême droite flamand Vlaams Belang, Tom Van Grieken (à gauche), salue le chef du parti d’extrême droite italien de la Lega, Matteo Salvini, lors d’un congrès du groupe d’extrême droite du Parlement européen « Identité et démocratie », organisé par le Vlaams Belang, le 2 décembre 2019 à Anvers.
Dirk Waem/AFP

Bien qu’elles aient été jusqu’ici des acteurs plutôt passifs au sein des commissions du Parlement européen, ces formations disposent d’une influence réelle au plus haut niveau. Au sein de la Conférence des présidents, chaque groupe politique dispose d’une voix, quelle que soit sa taille. Si les grands groupes tels que les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates ne parviennent pas à un consensus, ils peuvent parfois avoir besoin du soutien de l’extrême droite pour obtenir une majorité.

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Le parti polonais Droit et Justice dirige également un groupe politique, connu sous le nom de Conservateurs et Réformistes européens (CRE). Ce groupe, qui comprend également, parmi ses membres les plus notables, les Démocrates de Suède, les Frères d’Italie et le parti espagnol Vox, représente la quatrième force au Parlement européen.

En revanche, le parti hongrois Fidesz a fait partie de 2004 et jusqu’en 2021 du plus grand groupe politique, celui des chrétiens-démocrates (Parti populaire européen, PPE). Viktor Orban a longtemps été protégé par des responsables politiques puissants tels que l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel et l’ancien président du Conseil européen Donald Tusk. Le Fidesz a toutefois quitté le PPE au début de l’année 2021, lorsque les pressions internes liées à la remise en cause de l’État de droit en Hongrie sont devenues trop fortes pour justifier son appartenance….

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Auteur: Christin Tonne, Research associate at the Albert Hirschman Centre On Democracy, Graduate Institute – Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)