LGBT+phobies : médias français, complices ou coupables ?

Imaginez-vous avoir les yeux bleus. Imaginez maintenant que, parce que vous avez les yeux bleus, vous seriez hors de la norme, hors du système. Imaginez subir moqueries et violences en direct de plateaux de télévision. Imaginez voir chacun de vos droits débattus dans tous les médias sans avoir votre mot à dire. Parce que vous avez les yeux bleus. Incongru, n’est-ce pas  ? Pas tant que ça.

Dans les médias français, les LGBT+phobies sont récurrentes. Pire, elles sont souvent banalisées. En effet, ces violences prennent de nombreuses formes, et il devient alors très difficile d’en dresser une liste exhaustive. Il y a d’abord ce que l’on pourrait qualifier « d’homophobie ou transphobie ordinaire ». L’homophobie ordinaire, c’est par exemple quand Jeanfi Jansen invective Christine Bravo dans Les Grosses Têtes sur RTL, lançant à plusieurs reprises un « Lesbienne ! », alors que celle-ci avoue ne pas aimer François Hollande. La transphobie ordinaire, c’est quand un grand nombre de médias relayent le coming-out transgenre et non-binaire de l’acteur à succès Elliot Page, tout en le mégenrant constamment ou mentionnant son deadname – ou morinom en français – , le nom qui lui a été assigné à la naissance. C’est aussi employer de nombreux termes incorrects : « transsexuel » ou « travesti » pour parler de personnes transgenres. Ce ne sont que des exemples parmi des centaines d’autres. Et ce n’est qu’une facette, peut-être la plus visible, des LGBTphobies dans les médias.

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Il y a aussi ce que l’on qualifierait trop vite de « dérapages ». Quand Cyril Hanouna s’acharne en direct sur le plateau de Touche Pas à Mon Poste à tourner en ridicule, par un canular téléphonique, un jeune homosexuel – notons d’ailleurs que l’émission s’est illustrée à plusieurs reprises pour des « blagues » du type – on s’empresse de crier, au mieux, à l’accident. Pourtant, le cas n’est pas isolé. Si l’objet de cet article n’est pas de lister toutes les affaires de LGBT+phobie dans les médias français, il est pourtant intéressant de comprendre dans quelles mesures elles sont si importantes et surtout pourquoi la tendance ne semble pas s’améliorer.

Un premier élément de réponse : le peu de condamnations

En novembre 2020, la justice confirmait une condamnation jugée « historique » du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) contre la chaîne C8 et l’émission Touche Pas à Mon Poste, une amende de 3 millions d’euros pour « injure homophobe ». Si dans…

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Auteur: Clara Maillé