Les journées… du « matrimoine » ? Les 17 et 18 septembre se déroulent les journées européennes du patrimoine, mais aussi celles du matrimoine. Il ne s’agit pas d’un néologisme inventé par les féministes : en réalité, ce terme existe depuis le Moyen-Âge pour désigner les biens hérités de la mère, quand le patrimoine désigne ceux hérités du père. « Quelques siècles plus tard, il ne reste plus que les prestigieuses journées du patrimoine, et les agences matrimoniales… », a ironisé sur France Culture la metteuse en scène et chercheuse Aurore Évain, qui a fortement œuvré pour la réhabilitation du matrimoine culturel.
Comment ce mot a-t-il disparu de nos dictionnaires ? Au XVIIe siècle, le matrimoine a été banni de la langue française par les académiciens, qui jugeaient le terme obsolète et même « burlesque ». Il est réapparu dans les années 2000 sous la plume de chercheuses et chercheurs en sciences humaines, notamment l’ethnologue Ellen Hertz, qui retrace l’histoire de ce mot.
En 2013, il a été réhabilité grâce à Aurore Évain, dont les travaux sur le théâtre de femmes de l’Ancien Régime ont inspiré les militantes du mouvement HF, qui lutte pour l’égalité des genres dans la culture. Elles ont repris le terme à leur compte et en 2015 ont lancé les « journées du matrimoine » pour célébrer l’héritage culturel laissé par les femmes artistes et créatrices du passé.
Niki de Saint Phalle, le 23 août 1967, lors de l’installation de sa première exposition muséale, intitulée « Les Nanas au pouvoir », au Stedelijk Museum à Amsterdam. Wikimedia Commons/ CC0 1.0/Jack de Nijs for Anefo
« L’Histoire est sexiste »
Éclipsées des livres d’histoires, les autrices, peintres, philosophes, chercheuses, architectes, poétesses, compositrices, réalisatrices ou chorégraphes ont bien existé, mais souvent dans l’ombre de leurs homologues masculins. « L’Histoire est sexiste », constate Camille Morineau, historienne de l’art et autrice de l’ouvrage Artistes femmes. Depuis ses cours de gender studies (études de genre) sur les bancs de la prestigieuse université étasunienne Williams College, dans le Massachusetts, la chercheuse s’investit pour réhabiliter les œuvres produites par des femmes. En 2014, elle quitta même son poste de conservatrice au musée Georges Pompidou pour créer l’association Aware, entièrement dédiée à cette cause.
« Jeune fille en vert », de Tamara de Lempicka. Flickr/CC BY 2.0/ Jean-Pierre…
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Auteur: Scandola Graziani Reporterre