Cet article est la retranscription et la traduction d’une conférence donnée à l’école de Bologne le 2 avril 2020 par Franco Piperno. Forcément, il est un peu daté et à le lire on se rappelle presque avec nostalgie de la période du confinement du printemps 2020 durant laquelle la perception de la crise était si nette qu’elle plaçait d’emblée les analyses sur le terrain de l’Histoire et de l’espèce humaine. Le texte de Piperno ne fait pas exception : il montre que la crise du Covid ne doit pas être perçue dans le cadre de la luttes des classes mais plutôt comme une confrontation entre l’humanité et la nature ; il revient ensuite sur la transmission des virus des animaux aux humains, sur l’absurdité de l’industrie pharmaceutique et de la médecine aujourd’hui et enfin sur les nouveaux rapports au monde à faire exister.
« Dans le danger, ce qui ne tue pas, sauve » Walter Benjamin
De nos jours, une réflexion qui ne soit pas apologétique sur les connaissances et les pratiques scientifiques ne peut manquer de se référer, en la prenant comme point de départ factuel, à la pandémie CoronaVirus-19 qui se développe au niveau planétaire. Pour éviter les omissions et toute explication en termes de conspiration, bref, si l’on rejette les indignations faciles et les mauvaises réponses, il faut immédiatement dire que le Covid19 n’a pas été fabriqué directement par les gnomes au service du Kapital ou uniquement par la transformation frénétique capitaliste de l’agriculture. Pour preuve, il suffira de rappeler que la mutation des microbes animaux en pathogènes humains n’est certainement pas un processus nouveau ou récent : elle apparaît déjà au néolithique, avec l’invention de l’agriculture -lorsque la déforestation commence à étendre les terres arables- et la domestication d’animaux pour en faire des bêtes de somme ou d’abattage ; les animaux, à leur tour, nous ont rendu la pareille comme nous le méritions, ils nous ont offert plus d’un cadeau empoisonné, viral plus précisément, en fonction de leurs différentes espèces. Il faut donc remercier le bétail pour la rougeole et la tuberculose, les canards pour la grippe, les porcs pour la toux, les moustiques pour le paludisme et, peut-être, les chevaux pour la vérole, et les souris pour la peste et ainsi de suite.
En d’autres termes, la situation qui, à l’époque où nous vivons, est apparue progressivement au niveau planétaire, c’est-à-dire au niveau du marché mondial, n’est pas un conflit de classe,…
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Auteur: lundimatin