L’humanité vit actuellement une « période glaciaire affective »

L’indiscrétion de vos voisins vous pousse à l’excès ? L’incivilité des automobilistes vous fait jurer ? La promiscuité dans les transports en commun vous rend blasé ? La vie de tous les jours est loin d’être un long fleuve tranquille, surtout lorsqu’il s’agit de vivre en communauté. Il n’est pas rare de s’entendre dire : « l’Enfer, c’est les autres ! ». À l’ombre de tout ce fracas, la gentillesse a perdu ses lettres de noblesse, voire pire, elle est dénigrée au point d’être perçue comme un signe de faiblesse.

« Trop bon trop con » est-il devenu un synonyme d’être gentil ? Bien souvent, nous croyons qu’il vaut mieux être battant, égoïste et sans état d’âme pour sortir son épingle du jeu. Bon sang, sommes-nous condamnés à devoir « jouer des coudes » pour se faire respecter ?

« J’ai peur de cette société axée sur la compétition et la concurrence, cette société qui ose nous dire : vous devez être des gagnants ! Mais qu’est-ce qu’un gagnant sinon un fabricant de perdants ? Je n’ai pas le droit de fabriquer des perdants… » revendique Albert Jacquard.

Dans ce contexte social anxiogène et déséquilibré, la gentillesse est malmenée. Elle est souvent interprétée comme une forme de soumission, et fatalement associée à l’image du perdant. Aujourd’hui, le « gentil » est devenu, malgré lui, le manipulable et le simple d’esprit. « Tu seras bien gentil de faire ceci » est une formule de politesse déguisée derrière un sourire dédaigneux. Dans le liste des qualités requises, « gentil » n’est plus consenti, mais équivaut à confesser : « je n’ai rien trouvé de mieux à son sujet ».

Il est grand temps de redorer le blason de la gentillesse car elle est plus que jamais nécessaire. D’après Piero Ferrucci, psychologue et auteur du livre « Le pouvoir de la gentillesse », l’humanité vit actuellement une « période glaciaire affective ». Pour lui, les raisons sont à la fois simples et multiples : notre société met en avant l’efficacité, l’argent et la recherche du profit. Ajoutons à cela le rythme effréné de nos modes de vie associé à l’abondance des flux de connectivités, et qu’obtient-on ? Autant de possibilités de vivre par procuration.

« Bien sûr, Internet est une révolution, mais plus on est assis devant son ordinateur et moins on fréquente de vraies personnes. Nous avons moins d’occasions de ressentir ce que l’autre ressent. Quand on vit à toute allure, il y a…

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Auteur: La Relève et La Peste