Liban : Pour un instant, nous avons vaincu le régime

Les obsèques
Le Samedi 8 août. Nous marchons dans le cortège des funérailles des victimes du crime qui a eu lieu au port de Beyrouth. Une marche de colère, de tristesse et de vengeance. Nous lisons les noms des victimes, puis scandons « traitres sont ceux qui tuent leur propre peuple » et quelques hela hela ho, avant d’arriver à la place des Martyrs. Nous marchons entre les bâtiments détruits, nos pas balayant le verre brisé. Nous brandissons les noms des victimes et aussi ce slogan qui est la revendication ultime : « Justice pour les victimes, vengeance contre le régime. » Nous sommes des centaines, des milliers, je ne sais plus. Nous marchons d’un pas rapide pour rejoindre la foule au centre-ville.

C’était la première fois depuis les festivités du 22 novembre, jour de l’indépendance, que je vois autant de monde sur la place des Martyrs. Je ne m’y attends pas. Ni aux tentes qui ont repris leur place au centre, ni aux haut-parleurs et aux discours sur les estrades. Étrange panorama. Je ne m’attends pas à retrouver tout cela après l’explosion. Je ne m’attendais à rien. Depuis le 4 août, j’ai perdu toute capacité à prévoir, à envisager l’avenir. Le août à 18h08 précisément. Les funérailles me l’ont confirmé. Il n’y avait pour moi ni présent ni futur, nulle cohérente désormais.

Déballe et partage

Avant même d’arriver à la place, le jeu « du chat et de la souris » a déjà commencé. Il avait commencé à 17h, à peine quatre jours étaient passés depuis la destruction de notre ville. C’est ainsi que le régime a choisi de répondre au désastre. Je n’ai pas de force. J’aurais voulu laisser libre cours à mon chagrin, faire le deuil. J’aurais voulu un peu de silence, une trêve, après des jours passés à balayer les verres brisés et à organiser ces funérailles. Je m’éloigne alors des gaz lacrymogènes, me retire jusqu’au parking, y trouve refuge. Je suis là,…

Auteur : lundimatin
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