Liberté de la presse : des journalistes convoqués par la DGSI

Trois journalistes ont reçu des convocations à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), dans le cadre d’une enquête pour « révélation ou divulgation d’information permettant l’identification d’un membre d’une unité des forces spéciales ». Benoît Collombat, Jacques Monin (tous deux membres de la cellule investigation de Radio France) et Geoffrey Livolsi (du site d’enquête Disclose) seront entendus le 14 décembre, en audition libre, assistés d’un avocat.

« Ces convocations font suite à une plainte déposée avec constitution de partie civile par une personne dont on ignore l’identité », relate France Info. En mars 2018, un article écrit par Benoît Collombat et Geoffrey Livolsi a révélé que le Parquet national financier enquêtait sur un possible trafic d’influence au sein de l’armée française. L’identité d’un membre d’une unité des forces spéciales y était évoquée.

« Un inquiétant précédent pour les journalistes enquêtant sur l’armée »

« Pour avoir dévoilé le nom du militaire, les trois journalistes sont passibles d’une peine de cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende, précise le site Disclose. Alors que les trois journalistes n’ont jamais eu connaissance, depuis mars 2018 (!), qu’une enquête judiciaire les visait eux et leurs sources, ces convocations constituent une énième atteinte à la liberté de la presse et un inquiétant précédent pour les journalistes enquêtant sur l’armée. »

Ce n’est pas la première fois que des journalistes sont entendus par la DGSI. Ariane Chemin, journaliste au Monde, avait été auditionnée en 2019 pour le même motif que ses confrères de Radio France et Disclose, après la publication d’un article sur Alexandre Benalla qui dévoilait l’identité d’un sous-officier de l’armée de l’air. La journaliste de l’émission Quotidien (TMC) Valentine Oberti avait été convoquée en 2019, cette fois pour « compromission du secret de la défense nationale », tout comme un journaliste de France Info, et deux autres de Disclose.

Benoît Collombat était présent à la réunion sur la liberté d’informer, organisée par Reporterre à Paris le 5 décembre. Ces attaques « visent à mettre un képi dans la tête des militants comme des journalistes », avait-il dénoncé.

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d’une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre