Liberté de la presse : le média Nantes révoltée est menacé par le gouvernement

Le média indépendant de gauche Nantes révoltée bénéficie depuis quelques jours d’une publicité inattendue de la part du gouvernement. D’abord, les faits : vendredi 21 janvier, à Nantes, se tenait une manifestation contre « la politique sanitaire du gouvernement et les idées rampantes de l’extrême droite qui gangrènent le pays ». Elle a rassemblé six cents personnes — un petit score pour une ville habituée aux forts mouvements sociaux — pour un cortège aux flambeaux. Plusieurs vitrines de grandes enseignes ont été brisées et un pied de statue tagué.

L’opposition nantaise s’est alors saisie de ce qu’elle a nommé un « saccage ». Les élues municipales Laurence Garnier (Les Républicains) et Valérie Oppelt (La République en marche) ont demandé des comptes à la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland. La présidente de Région, dans une lettre à Gérald Darmanin, a demandé, elle, « la dissolution du groupuscule d’ultragauche Nantes révoltée ». Le 25 janvier, le ministre de l’Intérieur annonçait vouloir dissoudre le collectif : « Une fois que les choses seront construites et que nous serons inattaquables, je proposerai au président de la République la dissolution », a-t-il dit à l’Assemblée nationale.

Depuis, la machine médiatique s’est emballée. Jusqu’à affirmer que le groupe Nantes révoltée avait à présent quinze jours pour faire valoir ses arguments au gouvernement. Sauf que le média n’a, à l’heure où nous écrivons ces lignes, reçu aucun courrier de ce dernier. Et n’a donc rien à justifier pour le moment. « Nous sommes un média indépendant, et nous ignorons totalement ce qui nous est reproché. Au nom de quoi devrait-on être dissout ?, se demande un membre du média, interrogé par Reporterre. Parce que nous relayons des appels à manifestation ? Dans ce cas il va falloir dissoudre bon nombre de syndicats ! Parce que nous dénonçons les violences d’État ? Alors il faut dissoudre ou enfermer des journalistes et associations ! »

Né en pleine campagne présidentielle de 2012, le groupe, qui s’inscrit dans une perspective révolutionnaire, a d’abord créé une page Facebook pour relayer les luttes locales, sociales et environnementales, et « combattre tout ce qui a trait aux systèmes d’exploitation », comme le résume un militant interrogé par Médiacités. S’il s’est inscrit à ses débuts dans la lutte par le biais de banderoles largement relayées inspirées par la pop culture, le collectif s’est rapidement mué en média…

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Auteur: Reporterre