Le 11 mai dernier le site Hiya, auteur d’un récent appel à la résistance artistique, annonçait que la Statue de la Liberté parisienne avait été peinturlurée dans la nuit par un groupe appelant à « Refuser quoi qu’il en soit de s’agenouiller devant LA Liberté qu’on nous impose : une liberté statufiée qui fatalement sclérose et se renverse en son contraire ». Le lendemain, un communiqué ainsi qu’une vidéo venaient souligner le geste.
Nous avons reçu le texte suivant, de soutien à cette action.
Liberté de la statue ?
C’est l’idéologie de la pure liberté qui égalise tout
et qui écarte toute idée du mal historique.
Guy Debord
Sans licence on l’a rafalée. On lui a peinturé la gueule et ça rigole sec. Franchement le diadème… Ça fait tâche ! Eh quoi « la Liberté pas touche » ? Y’avait qu’à pas la changer en statue ! Déjà ça c’est louche : « pétrifier pour mieux régner » — devise de roitelet.
La liberté, en la figeant, on l’afflige. Et elle se venge !
En plus le symbole est pas raccord : la Liberté fièrement drapée hissant haut sa lanterne pour éclairer un monde…d’esclaves. Mais rien n’y fait :
la liberté demeure sauvage !
Sur les couronnes toujours elle crachera
— ses couleurs !
Et sinon la statue, elle se sent libre ? La blague !
Sérieusement, tu en as pas marre de trôner là ? Vas-y vas-y range ta torche, pose ton derche et écoute. Tu comprends pas que ta flamme étouffe ? Elle prétend guider le monde et gèle dans une main de cuivre… Ton Feu a froid et souhaite retourner à sa source, sa nourrice : la Terre.
Ton Feu c’est nous !* * *
Un soupçon plane au-dessus de nos libertés : il a quatre hélices, une caméra embarquée et les mains sales du keuf qui le téléguide.
De toujours, la civilisation se motive d’une peur : la peur de la liberté. Cette peur s’incarne comme un besoin de balises, de frontières, d’interdits autorisant à jouir sagement d(ans l)es clous de la Loi et à faire en sorte, toujours, que ça rapporte — gloire, pouvoir, crédit et autres remèdes à l’incertitude. C’est ainsi que l’on a pris le pli de déléguer à d’autres (à Dieu, à l’Empire, à l’Argent ou à la Machine) le soin d’écrire, de conserver, de régir nos libertés. Ce pli est tenace.
L’époque est suffocante. On croule sous le contrôle. Armée de robocops, la Machine déballe peu à peu sa force et s’immisce partout : de la rue au ciel, de ta poche à chez toi jusqu’au bout du bout du trou du cul du monde elle…
La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin