Liberté d'expression, antiterrorisme et arbitraire

De nombreuses personnes ont été choquées par l’assassinat de Samuel Paty, tant par sa cruauté, la prise pour cible de la fonction de professeur, et le processus de harcèlement qui y a conduit. Cet assassinat s’inscrit dans des tensions sociales et fait suite à un emballement sur les réseaux sociaux. Bien sûr, il est aussi à relier à la référence idéologique (takfiriste) de celui qui l’a commis, et à sa volonté de produire l’effroi par la publicisation de l’horreur qui a aussitôt suivi le crime. Moins de deux semaines plus tard, l’angoisse et la crainte ont été renforcées par l’assassinat de trois personnes commis à Nice à la sortie d’une basilique.

Si l’assassinat de Samuel Paty (comme l’attaque commise à Nice) possède donc une dimension politique, nous devons cependant garder à l’esprit, au milieu de la panique et des amalgames, que ce fait divers reste un acte singulier. Si rappeler cela semble une évidence, cela contredit l’attitude des éditorialistes, des gouvernants ou de ce ceux qui souhaiteraient être à leur place. Depuis ce crime, les discours prononcés dans ce que nous nommons l’espace public visent à propager la peur (rejoignant en cela le souhait de l’assassin), afn d’insister sur le fait que notre « arsenal juridique » ne conviendrait pas à la guerre à mener. Les chaînes d’information en continu ont ainsi pu organiser des débats pour savoir s’il était préférable de déchoir « les islamistes » de leur nationalité ou d’enfermer tous les fichés S dans des camps, et plusieurs députés de droite d’appeler à « s’exonérer des lois de la paix » afin d’« éliminer les islamistes ».

Pourtant, aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, l’antiterrorisme n’est pas le contraire du terrorisme, ni même la lutte contre un danger terroriste, mais un certain usage de la peur et la généralisation de la suspicion à des fins de contrôle social….

Auteur: lundimatin
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