Liberté, égalité, antiracisme : réunion publique le 4 avril à Ivry-sur-Seine

Dans la campagne présidentielle qui s’est engagée en France, le racisme est partout, l’antiracisme, nulle part. On s’inquiète de la compatibilité de l’islam avec la République, et du supposé « problème de l’immigration » ; mais il serait interdit de parler d’islamophobie ou de xénophobie d’État. Sur les discriminations raciales et la ségrégation spatiale et sociale, ou sur le racisme ordinaire, pas une phrase ; rien sur l’antitsiganisme, ni sur la négrophobie. On refuse de nommer les violences policières, qui ont fini par déborder des banlieues vers les centres villes, des cités aux manifestations : « Ces mots sont inacceptables dans un État de droit », a tranché le président de la République. C’est sans doute la même logique de déni qui amène à ne rien dire des refoulements illégaux aux frontières pour empêcher les demandes d’asile : silence, on tue.

Bien sûr, ce n’est pas vraiment nouveau. Il y a longtemps que les politiques nous imposent des débats qui n’en sont pas, comme sur l’identité nationale. Sous couvert d’« insécurité culturelle », on attise ainsi le ressentiment identitaire. C’est à la Hongrie de Viktor Orban que font songer les politiques dirigées en France contre les Roms ; et Donald Trump et Jair Bolsonaro ne nous paraissent plus exotiques. Même le vocabulaire a fini par changer de sens. Il est tout le temps question de laïcité, y compris au Rassemblement national ; mais jamais pour parler, comme en 1984, des financements publics d’écoles catholiques. Qu’en est-il aujourd’hui de la séparation des églises et de l’État ? On a préféré nous faire croire que bannir le voile était la préoccupation première de la population française. La laïcité ne serait-elle plus une promesse de liberté religieuse ?

L’extrême droite semble ainsi avoir gagné la bataille idéologique. S’en prendre aux études postcoloniales permet d’éviter la moindre interrogation sur le traitement colonial des outre-mer. Les antiracistes qui dénoncent les politiques de racialisation se font accuser de racisme, a fortiori lorsqu’il s’agit de personnes dites racisées, c’est-à-dire exposées au racisme ; en revanche, on peut désormais se draper dans l’universalisme pour mobiliser contre le prétendu « racisme anti-blanc ». Et la dérive xénophobe et raciste va toujours plus loin. Même l’antisémitisme fait retour dans la vie politique. Un slogan comme le « grand remplacement », promu comme « théorie », vaut invitation dans les…

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Auteur: Collectif