Basta! : La France connaît une période d’instabilité politique suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, à la motion de censure contre le gouvernement Barnier en décembre, et au report du vote du budget. Cette situation peut-elle rendre le pays et la dette publique française plus vulnérable face aux marchés financiers ?
Benjamin Lemoine est sociologue du politique, chercheur au CNRS. Il a publié L’ordre de la dette, La démocratie disciplinée par la dette (2022), et Chasseurs d’États (2024) aux éditions La Découverte.
Benjamin Lemoine : L’instabilité politique inquiète les marchés financiers. Ils craignent que le gouvernement français ne parvienne pas à mener à bien ses politiques d’austérité et que l’État soit dans l’incapacité de rembourser ses créanciers. Ce que les marchés redoutent le plus, c’est une situation où d’autres urgences, sociales, environnementales, politiques, seraient en position de faire vaciller le caractère sacré et prioritaires des engagements financiers vis-à-vis des prêteurs.
Lors de ces séquences d’incertitude, les créanciers exigent une prime de risque avant de prêter et placer leur argent : les taux d’intérêt augmentent. Si, pour l’instant, il n’y a pas de signal d’alerte majeur, la France profite aujourd’hui moins que les autres pays émetteurs de la zone euro de la tendance à la baisse générale des taux d’intérêts.
Pourrait-on imaginer un scénario à la grecque en France, comme quand, en 2010, une explosion du déficit public et de la dette publique grecques a conduit à une dégradation de la note grecque sur les marchés financiers, et a forcé le pays a prendre des meures d’austérité très dures en échange de prêts et d’une assistance financière…
Auteur: Malo Janin