L'idiot et la lune d'opale : Calais et la fantasmagorie du passeur

Ce 27 Octobre, le naufrage d’une embarcation au départ de Calais et en direction de l’Angleterre causait la mort de sept personnes. Une famille entière décimée dans les entrailles de la Manche : « un homme de 35 ans, sa femme de 32 ans et leurs trois enfants. Tous étaient originaires de Sardasht, dans l’ouest de l’Iran », a indiqué à l’AFP le procureur de Dunkerque Sébastien Piève.

Ce drame n’est pas un triste concours de circonstances individuelles. Il s’inscrit dans une persécution systémique et organisée des personnes exilées en France. Calais est la vénerie d’une mouvance nationaliste assermentée, radicale et déterminée à épuiser ses proies jusqu’à la disparition ou bien la mort. Entre les fils de barbelés et le béton armée, les corps usés rampent. Les esprits se déchiquètent. Enfermé dans le passé, on regarde l’horizon à l’autre bout des flots, espérant y deviner un avenir moins morne. Aux aurores découchées, on s’empresse de sortir de son plastique, rassembler enfants et gamelles vides avant que l’uniforme nous salue de son bâton et sa superbe. On se cache en attendant. On court, on prie, on saigne en attendant le soir où la lune d’opale s’évanouira.

En quelques années, des barbelés et murs d’une distance totale de 65km ont été progressivement installés autour de chaque campement et zones de passage. Les expulsions sont quotidiennes et la chasse semble éternelle. La tristement célèbre zone des dunes qui accueille l’ensemble des personnes ghettoïsées depuis 2015 ne ressemble plus qu’à une cage antique des expositions universelles d’antan. Sans doute la plus grande catastrophe de l’idéologie néocoloniale française.

Les violences policières dont témoignent les exilés de Calais se comptent par milliers ces dernières années, toutes recensées par les associations sur place. En Décembre 2018, un rapport annuel de plusieurs associations faisait état de…

Auteur: lundimatin
La suite est à lire sur: lundi.am