Ligne 14 du métro : l'enchaînement de dysfonctionnements qui a conduit à la mort d'un intérimaire

« Comment peut-on laisser sa peau au travail en 2020 ? » Cette question, la famille de Maxime Wagner se la pose tous les jours depuis plus de deux ans. Depuis ce 28 février 2020 où ce père de deux petites filles, de 11 et 6 ans aujourd’hui, est parti au travail et n’en est jamais revenu. Son boulot consistait à creuser le tunnel qui permettra à la ligne 14 du métro d’être prolongée jusqu’à l’aéroport d’Orly, au sud de Paris. Avec ses collègues, il travaillait donc à plusieurs dizaines de mètres sous terre dans un tunnelier, une énorme machine de plus de 110 mètres de long qui a le double rôle de creuser et de construire les tunnels.

Le 28 février, Maxime Wagner commence à 14 h 30. Il est employé par la filiale de Vinci, Dodin Campenon-Bernard, en intérim. Il a récemment été appelé en « renfort de l’équipe tunnel », vers l’avant du tunnelier. « Habituellement, nous commençons par des postes à l’arrière du tunnelier pour avancer vers l’avant. Les postes à l’avant sont plus compliqués, plus complexes », explique Kévin F., un collègue de Maxime Wagner, à la police. Il a commencé cette nouvelle mission le 20 janvier 2020 indique son contrat de travail. Il aurait dû la terminer le 31 mars de la même année.

Une équipe presque exclusivement composée d’intérimaires

Lorsqu’il arrive au travail, Maxime Wagner retrouve ses collègues : Kévin F., Stéphane B., Mamadou S., et son chef d’équipe, Elian F. Tous sont intérimaires, sauf Elian F., embauché en CDI après six ans d’intérim. Mamadou S. est un nouveau qui remplace son oncle, absent pour raisons familiales, sur ce poste. Dès leur arrivée, les choses ne se passent pas très bien sur le chantier.

Depuis le matin, le tunnelier est à l’arrêt. En cause, plusieurs pannes qui empêchent de forer le tunnel. Le tunnelier fonctionne par phase : il creuse, puis des voussoirs – des sortes de pierres qui, une fois assemblées, forment un arc – sont ensuite posés sur les parois pour constituer le revêtement du tunnel. Ensuite, le tunnelier recreuse jusqu’à qu’on puisse installer une autre série de voussoirs. Et ainsi de suite. Petit détail, qui sera très important pour la suite, pour poser les pierres arrondies, on injecte du mortier, du béton en plus mou, à très forte pression.

Ce 28 février, le tunnelier a donc connu de nombreuses pannes, qui ont empêché le mortier d’être injecté dans les parois. Une partie est restée dans ce qu’on appelle la « ligne de transfert », un long tuyau de 60 mètres…

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Auteur: Pierre Jequier-Zalc