L’impasse du « barrage » : l’extrême-droite est déjà là, partout

Un “no pasaran” qui a un goût amer : grâce au “vote barrage” d’une portion des votants du premier tour, le président Macron est réélu, et largement – permettant déjà au gouvernement de transformer ce qui a été essentiellement une opposition à Le Pen en un plébiscite envers sa politique antisociale. Passées la défaite électorale de notre camp social, puis la peur très vive d’une partie de celui-ci de voir Marine Le Pen remporter l’élection présidentielle et imposer sa loi au pays, il est temps de dire ce qui, dans la pensée politique du barrage, fait impasse et empêche de voir la gravité de la situation actuelle.

Sortir de la logique électorale pour comprendre l’abstention

Pour beaucoup de militants, la victoire écrasante de Macron ne semble pas avoir suffi. Il aurait fallu qu’il fasse le même score stalinien que Chirac en 2002. Ils se lamentent donc des “42%” que ferait Marine Le Pen. Ce faisant, ils invisibilisent totalement les abstentionnistes – autrement dit, ils invisibilisent les classes populaires qui le sont massivement (personnes racisées comprises – puisque le vote paternaliste était un angle de la culpabilisation). Ils participent donc à la fable selon laquelle la France pourrait se limiter à son corps électoral, et que ce corps électoral se réduirait à ses parties votantes.

Ils laissent également croire, par goût du symbole et par confusion entre expression et action politique, que la réalité politique, sa réalité matérielle, changerait d’une façon ou d’une autre si un président gagnait à 80% plutôt qu’à 50,01%, ou si un candidat perdait à 20% plutôt qu’à 49,9%. Ils valident l’idée que “s’exprimer via les urnes” aurait une importance, et ignorent la cruauté de la réalité institutionnelle : l’expression via les urnes ne sert strictement à rien. Gagner sert. Cela sert à répartir des postes et à appliquer une politique. Cette politique peut ou non avoir quelque chose à voir avec le programme et les promesses électorales. Cela n’a rien d’une obligation. D’ailleurs, la plupart du temps, ce n’est pas le cas. Le reste : c’est du vent. 

Marine Le Pen n’est pas fasciste, mais elle est bien d’extrême droite

Le barrage à Le Pen a sa légitimité, il a sa cohérence stratégique, disons plutôt tactique : éviter les effets d’entraînement sur la police, s’éviter la possibilité d’une loi d’interdiction du voile, etc. Il devient néanmoins problématique quand il prétend “faire barrage au…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag