L'Inconscient ou l'oubli de l'histoire de Hervé Mazurel

Après l’Histoire populaire de la psychanalyse il y a quinze jours, nos amis d’Antiopées ont pris goût à la psychanalyse et proposent cette fois un avant goût de L’Inconscient ou l’oubli de l’histoire. Profondeurs, métamorphoses et révolutions de la vie affective. de Hervé Mazurel, paru aux éditions La Découverte.

La semaine dernière, je parlais ici-même d’Histoire populaire de la psychanalyse, excellent petit bouquin de Florent Gabarron-Garcia[1]. Cette fois, je me suis attaqué à un gros pavé : un peu plus de 580 pages, excusez du peu. Et tout ça sans connaître grand-chose à la psychanalyse – à croire que je suis quelque peu… inconscient ! Bon, je ne vais pas prétendre que je l’ai déjà bien digéré et que je vais vous en proposer une brillante synthèse. Pourtant, il me semble que ce livre mérite d’être lu, et tout ce que je chercherai à faire ici sera de donner envie de le lire, justement.

Le livre de Gabarron-Garcia, lui-même psychanalyste, donnait, grossièrement dit, une critique « politique » de la psychanalyse ou plus exactement des courants psychanalytiques, s’élevant, à la suite de Robert Castel dans les années 1970[2], contre le « psychanalysme[3] » et passant en revue les psys et mouvements psys « subversifs », depuis le « premier Freud » jusqu’au SPK en Allemagne et à La Borde en France. C’est un tout autre projet que celui d’Hervé Mazurel, historien « des affects et des imaginaires », maître de conférences à l’université de Bourgogne et codirecteur de la revue Sensibilités, et qui participe à « une équipe de recherche transdisciplinaire travaillant à la relance du dialogue de la psychanalyse et des sciences sociales » (ainsi que nous le dit la quatrième de couverture de son livre). Comme historien, justement, il déplore le fait que Freud ait situé l’inconscient – par ailleurs sa grande découverte, et cela même si quelques autres l’avaient approché avant lui – en dehors de toute historicité : alors que ce « continent inconnu » était selon lui déterminant pour notre vie psychique, il aurait lui-même échappé à toute détermination et à toute influence « extérieure » à l’individu. Et au-delà même de Freud, Mazurel dit que « pour la plupart des écoles psychanalytiques reconnues, l’inconscient reste toujours situé au-delà du social, au-delà de l’histoire  » (souligné par lui). D’où l’un des sens du titre du livre : l’inconscient comme « oubli » de l’histoire. En effet, il ne…

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Auteur: lundimatin