L'indignité des pays occidentaux : l'impossible migration

Selon le projet Migrants disparus de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les flots de la Méditerranée avaient englouti la vie de 5 000 personnes en 2016. Six ans plus tard, ce sont plus de 24 144 corps qu’a retenus cette mer, que veulent traverser à tout prix celles et ceux qui cherchent à échapper à l’horreur de la guerre, au désespoir d’une vie socialement et économiquement non viable, et aux ravages environnementaux.

Ces chiffres augmentent au jour le jour, puisque de nombreux pays européens, au prétexte de se protéger d’une migration « non choisie », essaient de repousser, par des moyens de plus en plus indignes, ceux qui tentent d’arriver en Europe, qu’ils soient réfugiés ou migrants. Ces chiffres ne peuvent faire oublier tous les corps disparus entre le Mexique et les États Unis, dans le désert du Sahara, en Erythrée, et sur combien d’autres routes de l’exil.

Toutes ces routes ont en commun de raconter l’indignité des pays occidentaux qui violent, sans aucun état d’âme, la dignité humaine, le droit à la vie, le droit à l’asile, le droit à l’assistance à personne en danger, le droit à l’enfant d’être protégé, le droit des personnes à être protégées du trafic, de l’esclavage, de la déportation, de la guerre, des violences systématiques, de la torture, du viol, du traitement inhumain.

La question des migrations renvoie l’humanité à des temps où aucune loi ne protégeait la dignité humaine. A des temps où les corps noirs étaient considérés comme des biens meubles, où les corps étaient taillables, corvéables et jetables selon les besoins et le bon vouloir du maître.

L’Europe, par ses lois iniques et indignes au prétexte de se protéger, se comporte tel le maître qui esclavagisait, en sélectionnant des hommes et des femmes arrachés par la force au continent africain. Aujourd’hui, les pays développés s’arrachent les jeunes diplômés du continent africain, au nom de l’immigration choisie ; depuis 2015, quelques 39 000 ingénieurs et 3 300 médecins ont quitté la Tunisie ; ils viennent aussi recruter les futures stars du football de demain. Tout comme leurs ancêtres, ils s’approvisionnent.

Ils avaient procédé ainsi dès les années 60-70, au moment où la main d’œuvre leur faisait défaut. Ils accueillaient tous les bras et les exploitaient au-delà de l’acceptable. Face à un capitalisme en crise et à une société menacée par la coupure drastique de l’ensemble des programmes socio-économiques, l’État français,…

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Auteur: Mireille Fanon-Mendès-France