L'information indépendante contre la fabrique du silence

Depuis quinze ans, un foisonnement de médias indépendants attachés aux combats écologiques et sociaux a bousculé le paysage médiatique. Pourtant, leur place et leur notoriété restent bien trop marginales. Les histoires qu’ils relayent ne sont pas assez entendues.

Sophie Chapelle

Journaliste à Basta!

Il ne suffit pas toujours de « révéler » une affaire pour amorcer de réels changements et s’assurer, par exemple, qu’un drame, une fraude ou une injustice ne se reproduira plus. Sans un écho large dans la société, puis de là une pression de l’opinion publique, un scandale peut-être facilement enterré.
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Laissez-moi vous raconter un exemple récent : l’histoire d’Emmy, décédée d’une leucémie à l’âge de 11 ans. Sa mère, fleuriste, pointe la responsabilité des pesticides employés sur les fleurs qu’elle manipulait quotidiennement lorsqu’elle était enceinte.

L’histoire est sur toutes les ondes le 9 octobre, jour d’un procès intenté par les parents pour faire reconnaître le préjudice subi par leur fille. On se dit alors que, face à la médiatisation de cette affaire, les pouvoirs publics vont réagir. Depuis, on a déchanté.

Un mois après, la cour d’appel de Rennes décide de refuser d’indemniser l’enfant décédée. Presque personne n’en parle. La fenêtre d’attention s’est refermée. Sauf pour les médias indépendants qui enquêtent depuis des années, comme nous, sur les pesticides. Au même moment, ma consœur Nolwenn Weiler publie un entretien avec Laurence Huc : cette chercheuse alerte sur l’utilisation croissante de pesticides SDHI et leurs terribles effets sur la santé. Cette dernière raconte comment l’Anses, agence rattachée au ministère de la Santé censé nous protéger, indique « qu’il n’y a pas de quoi se préoccuper ». Laurence Huc se dit « abasourdie ».

Alors oui, abasourdies, nous le sommes aussi quand on découvre que les pouvoirs publics…

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Auteur: Sophie Chapelle