L'instant t ou le Paradoxe de Condorcet

Je viens de finir 19h59 de David Dufresne et j’ai déjà envie déjà de le relire.
Je ne sais pas si le coup était commercial et prémédité mais cette idée de publier le livre en même temps que la présidentielle était sûrement, une audacieuse envie de faire la nique à l’autre révolution, celle de l’info. En tout cas, c’est mon interprétation.

Le double épistolaire de David Dufresne aura bien l’occasion un jour de s’exprimer sur le plateau de Blast dans le futur « Apostrophes Reloaded » imaginé par Denis Robert. Mais ça, c’est une autre histoire, en cours d’écriture…
En attendant, j’avoue que m’être fait lire par mon synthétiseur vocal 19h59, tantôt à vélo, tantôt assis sur un banc municipal, tantôt allongé sur la natte me servant de lit (excellent pour conserver une colonne vertébrale alerte) après tout le monde et à quelques jours d’une autre échéance électorale n’est pas pour me déplaire.
Je déteste me précipiter sur un film ou sur un livre lorsqu’il fait un tabac. Je n’ai toujours pas regardé Titanic et ne le regarderai sans doute jamais pourtant Leonardo di Caprio est un excellent acteur. Pour les livres, c’est différent !
Avec celui-ci, il y avait plusieurs éléments attractifs, le sujet, le titre rondement choisi, l’œil affûté de l’auteur sur des sujets dramatiquement d’actualité et d’autres répulsifs, notamment la crainte que son auteur ne soit cette Cassandre avec un quinquennat d’avance.
Il fallait donc le lire ou se le faire lire – pour pasticher M. Rex – dans un temps raisonnable. Certains livres risquent de perdre un peu de leurs arômes s’ils sont abandonnés avec trop de désinvolture sur une étagère surtout à une épique époque où le mécanique clic bouscule le doux froissement de la page retournée (je ne parlerais même pas du frottement étouffé du coupe-papier pour les extrémistes canal historique de la lecture au mini-coupe-coupe (existent-ils encore, existent-elles encore ?)
David Dufresne avait raison, cet ouvrage est un pavé dans la bataille de l’hégémonie culturelle. Et beaucoup d’autres attendent si l’on ne veut pas que des pavés en granit pleuvent un jour sur tous les lieux de pouvoir… ou pas.
La Sénestre — la vraie — celle qui donne encore au peuple le courage de se réveiller le matin pour donner un sens à sa vie a encore fort à faire. Et la première chose qu’elle a à faire, c’est mettre un coup de pelle bien senti à sa sinistre sœur maléfique, la Sénestre de gouvernement, la Sénestre petite-bourgeoise, la Sénestre de toutes les trahisons,…

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Auteur: lundimatin