L’interview de Poutine par Tucker Carlson et sa réception par l’extrême droite occidentale

Tucker Carlson, l’ancien présentateur star de la chaîne conservatrice Fox, est une figure bien connue au sein de l’univers « MAGA » (Make America Great Again, l’éternel slogan de campagne de Donald Trump). Avec son ton « politiquement incorrect », il est depuis des années l’un des grands représentants du trumpisme et, au-delà, de la rhétorique provocatrice de l’extrême droite occidentale – un style qualifié par Ruth Wodak et al. de « normalisation éhontée de l’impolitesse ».

Sur les questions de politique étrangère, Carlson a largement épousé la présentation russe de la guerre russo-ukrainienne, se montrant très critique à l’égard de Kiev et tout à fait favorable à Moscou, si bien qu’il est considéré depuis longtemps par le Kremlin comme un moyen privilégié de toucher l’opinion publique américaine.

Mais le coup de maître de Carlson a été, de toute évidence, son interview de deux heures avec Vladimir Poutine, à Moscou, le 8 février dernier. Au vu du déroulement de l’entretien, il semble que les questions n’avaient pas été discutées à l’avance et que les deux parties avaient des attentes divergentes sur les propos qui y seraient tenus : Carlson espérait que Poutine approuverait la vision trumpiste du monde et ses griefs contre le libéralisme, tandis que Poutine, pour sa part, espérait convaincre le grand public américain que les États-Unis et la Russie finiront par se réconcilier d’une manière ou d’une autre et trouver une issue à la guerre qui soit favorable à Moscou.

« L’interview la plus suivie de toute l’histoire »

Les médias occidentaux ont réagi à cette interview controversée de deux manières opposées. Certains ont décidé de ne pas l’évoquer du tout, une décision contestable dans la mesure où l’entrevue entre le journaliste américain et le…

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Auteur: Marlene Laruelle, Research Professor of International Affairs and Political Science, George Washington University