Lire, cinquante ans après, une fille du peuple, féministe de choc, nommée Nicole Bley

Difficile d’anticiper la réception qu’aura, ce temps-ci, la reparution d’un roman aussi cru, banal et provoquant que La panthère bleue. Hymne à la liberté, ce roman l’est sûrement. D’autre parleront d’hymne à la soumission, mais qui sont-ils ? Une sauvagerie au féminin conduite par une femme qui se sert des hommes comme habituellement les hommes se servent des femmes, c’est de la vengeance pure et dure, un fait de justice, sans arguments compliqués, et a priori sans revendication autre qu’individuelle. C’est aussi et surtout un roman de l’après-68, un hymne à la révolte sociale et personnelle, à l’audace de vivre comme on l’entend, sans rendre compte à ses ancêtres, ni à la morale courante. « Jouir sans entrave » s’entend ici comme un mot d’ordre accompli jusqu’à plus soif.

« Je sais que chaque chose, chaque objet que mon regard rencontre, tous les mots que je prononce, ont été inventés par les hommes, et pour eux.
[…]
… j’ai travaillé, j’ai admiré, je me suis fait violer, baiser, limer, tringler dans tous les sens, et en avant et en arrière… J’ai cru au MLF, je me suis droguée pour oublier, et pour faire comme les mecs. J’ai michetonné pour qu’ils achètent des doses. Je me suis mariée trop jeune, j’ai divorcé et avorté ; je me suis fait rouler à coups de pied dans les HLM, et j’ai été traitée de morue, putain, salope, ordure ; pourtant j’aimais encore les hommes. Et puis j’ai milité chez les Gauchistes…
Partout des flics, des profiteurs, des curés, des enflés, gonflés, bouffis de leurs prérogatives de mâles dispensateurs de foutre !… »
Nicole Bley, in Lâche ton cul Camarade

Démarrant sur une scène-cliché assez pénible, car des plus convenues, le récit autofictif se déploie comme la chronique d’une enfant perdue et vengeresse qui paraît fuir émotions et sentiments pour mieux s’enquiller dans des sensations goulûment réinvitées ;…

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Auteur: dev