Lire : Dirigeants de médias. Sociologie d'un groupe patronal, de Julie Sedel

Le travail de Julie Sedel sur les dirigeants des médias recoupe plusieurs dimensions de ce « groupe patronal », de la question du recrutement social (origine sociale, habitus, etc.) et professionnel (formation, carrière…) à celle de l’exercice du rôle (rapport à l’employeur, rôle de représentation de l’institution, tensions entre le pôle éditorial et le pôle gestionnaire). Un travail riche par les aspects étudiés, mais aussi riche par les matériaux mobilisés.

Ainsi le livre, construit en sept chapitres (cf. la table des matières en annexe), synthétise-t-il une œuvre prosopographique importante… et très intéressante, d’autant que la présence foisonnante d’entretiens et de descriptions biographiques de « dirigeants de médias » permet une lecture tout à fait plaisante.

Portrait de groupe

Commençons par le commencement. Qu’est-ce qu’un « dirigeant de média » ? Julie Sedel explique qu’elle a retenu cette expression « pour caractériser ceux qui prennent les décisions stratégiques concernant la fabrication des actualités. Les dirigeants peuvent être journalistes ou/et « managers », connus du public ou pas ».

Concrètement, la sociologue a « construit une population de directeurs de médias à partir des organigrammes de 60 médias d’information politique et générale (écrits, audiovisuels, en ligne). […] La population des dirigeants inclut à la fois les directeurs de publication, les directeurs généraux, les responsables éditoriaux (qui endossent le titre de directeur de la rédaction). » Elle écarte les « niveaux intermédiaires (chefs de service, adjoints aux directeurs de la rédaction) » et les propriétaires, « sauf lorsque le propriétaire est directeur de la publication ».

Julie Sedel propose une « photographie des dirigeants de médias » en poste en 2016 (« ce qui représente 93 personnes »), qui lui permettra de dégager des tendances sur les parcours professionnels, les caractéristiques sociales, etc.

Après avoir présenté la construction de son objet d’étude dans un premier chapitre, elle consacre le suivant à une histoire de la Fédération nationale de la presse française (FNPF), née de la Résistance en 1944 et dissoute en 2009, un chapitre pour lequel nous nous contenterons ici de citer les enjeux tels qu’ils sont résumés par Julie Sedel elle-même :

Les premières organisations patronales de presse qui apparaissent dans les années 1920 s’évertuent à délimiter leur périmètre en se distinguant des journalistes. Cette…

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Auteur: Maxime Friot Acrimed