Lire : Petit manuel d'éducation critique aux médias – Pour une déconstruction des représentations médiatiques

Dans un contexte politique post-attentat, où l’éducation aux médias a été érigée en moyen de lutte contre la radicalisation par les pouvoirs publics, ce « Petit manuel critique d’éducation aux médias » défend une éducation aux médias émancipatrice et populaire, et pose l’EMI comme question politique : « La nécessité de développer l’éducation aux médias et à l’information (EMI) fait aujourd’hui consensus, spécialement lorsqu’on l’envisage à destination des jeunes. Pourtant, cette unanimité masque des disparités réelles tant dans les objectifs assignés à l’EMI, qu’au niveau des dispositifs, pratiques et postures pédagogiques qui conditionnent sa mise en œuvre. L’EMI peut en effet aussi bien se penser et se pratiquer au prisme de l’émancipation qu’à celui de ce que nous pouvons nommer la « normalisation » », écrit la chercheuse Amandine Kervella, qui signe le chapitre « Éducation aux médias : faire face aux risques de récupération ».

L’EMI : un enjeu de lutte

En proposant des alternatives à l’éducation aux médias portée par les pouvoirs publics et certains grands médias, comme InterClass’, ce petit manuel rappelle que la définition de l’éducation aux médias est un enjeu de lutte :

L’éducation aux médias et à l’information dépasse son rôle institutionnel de lutte contre la désinformation et n’est pas l’apanage des médias traditionnels, des journalistes et des écoles de journalisme. La pratique de l’EMI doit considérer le travail mené par les acteurs et actrices qui l’exercent depuis de nombreuses années : les structures d’éducation populaire, les associations de quartiers, les médias de proximité, les enseignants, au premier rang desquels les professeur·e·s-documentalistes, etc. Pour notre part, nous la pensons avec les lunettes de l’éducation populaire, ce qui nous conduit à l’envisager comme la construction d’une lecture critique de la société et de ses représentations médiatiques, au-delà d’une simple lecture du monde via le prisme des médias. Se rattacher à ce champ pédagogique et politique, c’est assumer que l’éducation aux médias et à l’information n’est pas neutre.

Parce que l’EMI « possède une définition large et mouvante » tout en étant « devenue un élément central du discours institutionnel », il importe d’arguer en faveur d’une éducation « critique », comme nous l’appelions de nos vœux, qui puisse inclure des dimensions d’analyse critique des discours établis,…

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Auteur: Nils Solari, Sophie Eustache Acrimed